A LA FIN DE DECEMBRE, la Csmf, le SML et Alliance signaient un protocole d'accord conventionnel avec l'assurance-maladie. En ce début d'année, c'est au tour des contestataires de ce texte de faire entendre leur voix. Dans la « guerre médiatique » qui se fait jour, MG-France se montre particulièrement actif. Depuis quelques jours, le syndicat de généralistes annonce « un vent de révolte ». Mardi, Pierre Costes écrit au ministre de la Santé pour lui demander d' « agir avant qu'il ne soit trop tard » et « de ne pas laisser un accord conventionnel se conclure sur le dos des médecins généralistes, des professionnels de santé de proximité, des patients, de l'assurance-maladie et de ceux qui la financent ». Mercredi, il lance une première vague de courriers à tous les médecins généralistes pour fustiger l'accord conventionnel. Jeudi, le président de MG-France invite les médecins généralistes à suspendre les activités de permanence des soins après minuit et à surseoir au renvoi aux Cpam des formulaires d'inscription « médecin traitant » de leurs patients, sauf pour ceux qui sont en affection de longue durée (ALD). « Les médecins généralistes, médecins traitants, sont responsables de tout (dossier médical, coordination des soins, maîtrise médicale) pour presque rien et les médecins spécialistes, médecins correspondants, responsables de rien pour presque tout », commente-t-il.
Ce que souhaite MG-France ? De nouvelles négociations. Le syndicat demande que les niveaux de rémunération entre la médecine générale et les autres spécialités convergent, « soit par la généralisation du C = CS, soit par l'extension du forfait médecin traitant de 40 euros à l'ensemble des patients ».
Une marche contre la convention.
Les internes ont également organisé leur riposte. L'Intersyndicale nationale autonome des internes représentatives des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a lancé un préavis de grève totale et illimitée à partir du 17 janvier. Point d'orgue du mouvement : une marche contestataire rassemblera dans les rues de Paris le 22 janvier résidents et internes de médecine générale, médecins et patients. L'Isnar-IMG réclame une nouvelle convention qui confierait aux seuls médecins généralistes la fonction de médecin traitant ainsi qu'une rémunération spécifique à cette fonction. L'Intersyndicale a été reçue à l'Elysée pour exposer ses revendications. Elle souhaite que la médecine générale, devenue une spécialité avec le nouveau diplôme d'enseignement spécialisé (DES), ne soit pas dénigrée dans la future convention. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg) annonce également qu'il s'engage pleinement contre la convention médicale. Il réaffirme son opposition au dispositif de médecin traitant, « conçu comme une réponse à l'alibi du nomadisme médical, phénomène pourtant marginal dans la pratique ».
La Fédération des médecins de France (FMF), qui a refusé de signer le protocole d'accord en décembre, tient un discours plus ambigu. Dans l'analyse des récentes négociations, son président, le Dr Jean-Claude Régi, reconnaît que pour les médecins généralistes, « le C est à un niveau bas et leurs revenus ne vont augmenter que par l'effet volume ». Mais il renvoie la décision de signer la convention à l'assemblée générale de la FMF le 29 janvier. Le Dr Jean-Paul Hamon, porte-parole de la Coordination nationale des généralistes (Conat) et vice-président de la FMF, appelle pour sa part à ne pas signer le formulaire de médecin traitant, « même pour les patients en ALD ». « Nous n'allons pas accepter une convention qui dévalorise la médecine générale, ne règle pas la rémunération de la permanence des soins et supprime le médecin référent », commente-t-il.
Le Collège national des généralistes enseignants (Cnge) s'inquiète de certaines dispositions qu'il considère comme « contraires à toute logique médicale, économique voire éthique, au moment où l'université française reconnaît à la médecine générale un statut de spécialité ». Les enseignants redoutent que cet accord ne dissuade davantage les externes de choisir la médecine générale au moment du choix de leur spécialité.
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