À la veille du débat parlementaire sur l’obligation vaccinale, Santé Publique France a fait les choses « en grand » en publiant un volumineux BEH sur la vaccination des jeunes enfants et en annonçant la mise à disposition du grand public du site vaccination-info-service.fr.
Entre autres, l’adhésion des Français à la vaccination a été étudiée au travers d’une enquête téléphonique auprès de 15 000 personnes. Les résultats de ce Baromètre Santé 2016 montrent que 75 % des personnes de 18 à 75 ans se déclarent favorables à la vaccination en général (26 % « très favorables » et 48,8 % « plutôt favorables »). Cette adhésion a augmenté de manière importante par rapport à 2010 (61 %), mais a diminué significativement par rapport aux années 2000 et 2005 où elle était supérieure à 90 % et même par rapport à 2014 (78,8 %).
En France, les différentes polémiques touchant certains vaccins au cours des deux dernières décennies – hépatite B en 1998, grippe A(H1N1) en 2009 et, « dans une moindre mesure » l’infection à papillomavirus (HPV) en 2013 – ont sans doute contribué à la remise en question de l’innocuité vaccinale par la population.
Ainsi, les opinions varient selon différents facteurs, au premier rang desquels l’âge. Les plus jeunes, 18-24 ans, sont les plus favorables au principe à la vaccination alors que les plus défavorables sont proportionnellement plus nombreux parmi les 25-34 ans. À âge équivalent, les parents d’enfants âgés de 1 à 15 ans présentent une meilleure adhésion vis-à-vis de la vaccination que les personnes sans enfants de cet âge.
L’assentiment vaccinal est socialement différencié : il est plus important chez les personnes socio-professionnellement les plus élevées. En 2016, le profil des personnes qui adhèrent le moins à la vaccination est très similaire à celui observé depuis la pandémie de grippe A(H1N1 de 2010, soit en général les plus défavorisées socialement (en termes de diplôme et de revenus). L’adhésion est aussi régionalement différenciée : les plus favorables résident en Centre-Val de Loire (80 %) et Île-de-France (79 %) tandis que le quart sud-est concentre les scores les plus bas : Auvergne-Rhône-Alpes (72 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur associée à la Corse (71 %) et Occitanie (71 %).
Tous les Français ne réagissent pas non plus de la même manière selon le vaccin. Celui contre la grippe remporte les suffrages les plus négatifs (15,5 % des personnes de 18 à 75 ans), devant la vaccination contre l’hépatite B (13 %) et contre l’HPV (5,8 %). Le trivalent ROR et le DTP suscitent peu d’avis défavorables (inférieurs à 2 %), même si ce sont les seuls vaccins pour lesquels une augmentation des réticences est observée entre 2014 et 2016 (respectivement 1,02 à 1,7 % et 1,1 % à 1,5 %).
Les avis défavorables à la vaccination contre le VHB sont plus élevés chez les personnes de 55-64 ans. Le souvenir de la polémique autour des risques de SEP du vaccin contre l’hépatite B avait notamment entraîné fin 1998 la suspension de la vaccination à l’école. Quant aux opinions négatives vis-à-vis de la vaccination contre les infections à HPV, elles sont observées chez les 18-24 ans, les plus directement concernés par la controverse de 2013 ; les 25-34 ans y sont beaucoup favorables car les femmes débutent le dépistage par frottis et comprennent mieux les enjeux de la vaccination.
Santé Publique France est consciente de l’enjeu capital que représente le regain de confiance érodée au fil du temps. Et mise sur les efforts d’information, de pédagogie et de transparence. C’est dans cet esprit que « vaccination-info-service.fr » a été mis en place. Quels vaccins ? Pour qui ? Avec quelle efficacité et quelle sécurité ?… Autant de questions auxquelles les patients pourraient trouver des réponses.
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