La migraine abdominale, le syndrome de vomissements cycliques (SVC), le vertige paroxystique bénin (VPB), le torticolis paroxystique bénin semblent être plus fréquents chez les enfants de famille de migraineux ; de même les enfants qui en sont atteints développent plus souvent que les autres une migraine quand ils grandissent. Les douleurs des membres de l'enfant pourraient aussi être reliées à une migraine.
Toutefois, il n'est pas facile de faire la démonstration du lien entre ces différentes entités ; d'une part, du fait de l'hétérogénéité des définitions cliniques retenues dans les études et, d'autre part, en raison de l'absence de marqueurs génétiques ou biologiques de ces pathologies.
Dans ce contexte, G. Russell (université d'Aberdeen Ecosse) a rapporté les résultats d'un travail mené chez deux cents jeunes migraineux, dans lequel des signes évocateurs de ces autres syndromes de l'enfance ont été recherchés.
Les auteurs ont trouvé : 5,5 % de douleurs pouvant être rapportées à un syndrome douloureux des membres de l'enfant, 30,5 % de sensations de vertiges potentiellement reliées à un VPB, 4 % de crises de vomissements à rapprocher du SVC et 27,5 % de douleurs abdominales évoquant une migraine abdominale.
En outre, ces jeunes migraineux souffraient de mal des transports dans 40 % des cas ; leur migraine s'accompagnait de vomissements dans la moitié des cas, et presque tous avaient des nausées et une anorexie pendant les crises.
Des symptômes non spécifiques
La migraine abdominale était définie sur les critères suivants : douleur abdominale, périombilicale survenant, en crises récurrentes, durant moins d'une heure, avec une douleur suffisamment intense pour gêner les activités quotidiennes, et s'accompagnant souvent de troubles digestifs et de pâleur. Avec cette définition, la prévalence de la migraine abdominale dans la population considérée était de 4 % ; celle des douleurs abdominales sévères était de 32 % et celle des douleurs abdominales banales de 72 %.
De la même façon, le SVC était défini sur les critères suivants : épisodes récurrents, sévères et stéréotypés de vomissements, avec disparition totale des symptômes entre les crises ; durée des crises de quelques heures à quelques jours et absence de cause pouvant expliquer les vomissements ; existence de nombreux symptômes associés (nausée, douleur abdominale, céphalée, photophobie, fièvre, pâleur, hypersialorrhée, retrait social), chaque patient présentant seulement quelques-uns de ces signes, et toujours les mêmes.
Dans ce travail, la prévalence des SVC était de 1,9 %, alors que 11 % des enfants avaient eu trois vomissements dans l'année, et 41 %, un épisode.
Enfin, les critères retenus pour le VPS étaient les suivants : épisodes de vertige récurrents, brefs, stéréotypés, potentiellement accompagnés de pâleur, sueurs, vomissements, nystagmus et phono- et photophobie.
Le recoupement des tableaux cliniques
Or la prévalence des VPB était de 2,5 % ; celle des enfants ayant eu trois épisodes dans l'année de 5 % et celle des patients signalant une crise de 18 %.
En outre, ce travail a mis en évidence l'existence d'un recoupement entre les différents syndromes : 27,5 % des migraineux avaient aussi des crises abdominales ; 57,1 % des sujets souffrant de syndromes abdominaux avaient des céphalées ; et c'était le cas également de 36,4 % des SVC.
La recherche des signes associés ne permettait pas, dans la majorité des cas, de faire un diagnostic différentiel, les mêmes symptômes se retrouvant dans les différents tableaux. A quelques nuances près : les vertiges et les troubles visuels étaient un peu plus fréquents au cours des migraines (typiques) que des migraines abdominales ou des SVC ; le mal des transports, la pâleur, l'anorexie et les nausées étaient présents de la même façon dans les trois tableaux cliniques ; bien évidemment, les vomissements étaient plus fréquents en cas de SVC.
Quant aux facteurs déclenchants, ils ne différaient pas non plus systématiquement d'un syndrome à l'autre. Le fait de sauter un repas, d'avoir mal dormi, d'avoir eu un stress, d'être fatigué ou d'avoir mangé un aliment particulier, déclenchait préférentiellement une migraine, mais pouvait quand même être responsable d'une crise abdominale. L'éblouissement n'était impliqué que dans la migraine ; le mal des transports favorisait les trois syndromes.
Enfin, le moment de début de la crise et sa durée pourraient orienter le diagnostic. Un épisode migraineux semble commencer à n'importe quel moment de la journée, alors qu'un SVC commencerait plutôt le matin ; dans ce travail, les crises de migraine duraient, en moyenne, quatorze heures, celles de migraine abdominale, vingt-deux heures, et les épisodes de SVC, cinquante-cinq heures.
Au total, la recherche de marqueurs phénotypiques de la migraine (et des autres syndromes) est nécessaire pour tenter de départager de façon plus claire ces différents syndromes de l'enfance, apparemment très intriqués.
<*L>D'après la communication de G. Russell, université d'Aberdeen, Ecosse
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