Voici un petit billet d’humeur adressé aux jeunes gens qui pensent encore à « faire médecine », au lieu de passer des concours administratifs ou de chercher à entrer à la SNCF ou à EDF.
J’ai 62 ans, généraliste, 37 ans d’exercice et j’en ai ASSEZ !
J’en ai assez de dire bonjour tous les matins, en ouvrant ma salle d’attente, à des gens qui ne me répondent pas. J’en ai assez d’examiner des patients qui ne se sont même pas lavés. J’en ai assez des CMU qui viennent tous les jours comme ils vont chercher leur pain. J’en ai assez des gardes obligatoires où je me demande si je ne vais pas être assassiné dans l’indifférence générale. J’en ai assez des visiteuses médicales aux grands sourires et aux jupes très courtes, qui finalement me méprisent et ne cherchent qu’à me rentabiliser. J’en ai assez de recevoir tous les 6 mois un « profil d’activité » où il y a **** à chaque ligne, quoique je fasse. J’en ai assez de prescrire des médicaments efficaces mais que la SS me reproche de prescrire parce qu’ils sont trop chers. J’en ai assez de prescrire des médicaments nouveaux soi-disant révolutionnaires qui, en fait, provoquent des dépressions graves et des suicides. J’en ai assez de recevoir les conseillers de la SS qui me demandent (entre-autre) de mieux dépister les maladies professionnelles pendant que les médecins conseils refusent ou consolident à la hussarde celles que j’ai dépistées. J’en ai assez de suivre une EPP et une APP pour finalement conclure qu’il faut prescrire du paracétamol et conseiller de sucer des bonbons quand on tousse (8 ans d’études pour ça !). J’en ai assez de faire des économies quand on voit les prescriptions hospitalières (Inexium et Tahor systématiques au lieu d’omeprazole et pravastatine par exemple).
Et bientôt j’en aurai assez que mon cabinet soit inspecté par l’IGAS, que je sois « testé » comme les boites de nuit et que j’aie à demander l’autorisation de partir en vacances au directeur de l’ARS !
Alors ma décision est prise.
Moi qui voulais jouer les prolongations et « mourir sur scène », le jour de mes 65 ans… je pars ! Je ferme la porte, définitivement, sans regrets, sans illusions et certainement sans successeur !
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