« Que répondez-vous quand quelqu'un de votre famille vous demande : connais-tu un médecin compétent ? », a demandé le Pr Bernard Glorion, ancien président du Conseil national de l'Ordre des médecins, aux participants du colloque récemment organisé par la Fédération des spécialités médicales (FSM) sur le thème « Compétence médicale et standards de qualité des soins ». Pour lui, cette question si fréquente ne devrait pas exister : « Il relève de notre responsabilité de faire en sorte que tous les médecins soient compétents », estime-t-il.
Si les représentants de nombreuses sociétés savantes présents au colloque ont semblé d'accord sur cette nécessité, les points de vue sur la méthode diffèrent d'une spécialité à une autre.
Un chirurgien vasculaire a décrit la mise en place réussie de standards de qualité par la société savante européenne à laquelle il appartient, ce qui a abouti à la délivrance de diplômes pour 70 candidats européens, dont un Français, tandis qu'un registre européen est mis en place afin de mesurer les volumes et les résultats obtenus dans cette discipline.
« Dans certaines spécialités, la mesure des standards est facile. Ce n'est pas le cas quand l'acte est purement intellectuel, comme en psychiatrie », a souligné le Dr Jean-Marc Dumeix, anesthésiste-réanimateur, vice-président de la FSM.
« Nous avons des critères de résultats », a nuancé le Dr Michael Robin, représentant de la Fédération française de psychiatrie au sein du groupe de travail sur la compétence dirigé par le Conseil de l'Ordre. Cette fédération a préféré aborder le problème sous l'angle de la formation, notamment avec des cyberconférences et des conférences de consensus, dont une a lieu en novembre sur le traitement des agresseurs sexuels.
Le Dr Robin reconnaît toutefois que la question de savoir si ce travail conduit à des changements dans la formation est restée « dans l'air ». « Nous nous sommes aussi intéressés à la compétence à propos de la psychothérapie, a-t-il précisé, mais le problème est que, à ce jour, il n'existe pas de définition de la psychothérapie qui soit reconnue par tous. »
L'attente des patients
La fédération a contourné la difficulté en abordant la question sous l'angle des attentes du patient, à partir desquelles les sociétés savantes se sont mises d'accord sur des critères. « Ici, aborder la question sous l'angle de la compétence me paraît difficile », concède le Dr Robin.
Alors que les débats au cours de ce colloque ont beaucoup tourné autour de l'opposabilité des standards, des contrôles et des sanctions que redoutent les participants, le Pr Jean Marty, vice-président de la Société française d'anesthésie-réanimation (SFAR), a fait part de l'approche différente de cette spécialité « très transversale ». « Chez nous, la performance individuelle n'est pas essentielle, car nous effectuons un travail d'équipe au sein d'un établissement, a-t-il expliqué, en indiquant qu'une enquête menée au sein de la profession avait montré qu'il y a autant de décès qui pourraient être imputés à des causes médicales, lors d'interventions difficiles, que de morts spontanées. « Nous ne sommes plus dans un système culpabilisant, mais dans la recherche d'une meilleure organisation. L'évaluation que nous pratiquons est une démarche qui intègre à la fois la notion de risque et de qualité, a-t-il ajouté. Chacun sait désormais que le succès d'une greffe du foie ne dépend pas du talent d'un individu, mais de l'intervention d'au moins 200 personnes. »
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