L ES représentants de la communauté hospitalière (syndicats de praticiens hospitaliers, représentant des commissions médicales, Fédération hospitalière de France, fédérations de cliniques) sont reçus à déjeuner aujourd'hui par Jacques Chirac.
Pour le chef de l'Etat, il s'agit là d'entretenir le contact avec un monde de la santé auquel il porte un intérêt tout particulier. Jacques Chirac s'est d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises, ces derniers mois, sur la politique sanitaire. Il a longuement évoqué, à Lyon, en février dernier, les problèmes de bioéthique en exprimant ses réserves à l'égard du clonage thérapeutique. Quelques mois auparavant, en décembre 2000, il avait apporté son « soutien confiant » aux professionnels de santé libéraux et avait plaidé pour « une juste rétribution de l'acte médical ».
Opération de charme
Si de tels déjeuners à l'Elysée avec les représentants de la communauté médicale n'ont rien d'exceptionnel - plusieurs ont déjà été organisés ces dernières années -, celui d'aujourd'hui et celui qui aura lieu, vraisemblablement en septembre, avec les professionnels de santé libéraux réunis au sein du Centre national des professions de santé prennent évidemment une signification particulière à moins d'un an de l'élection présidentielle. Et certains y verront autant d'opérations de charme vis-à-vis du monde médical, et notamment à l'égard des praticiens libéraux, qui ont longtemps constitué l'un des principaux réservoirs de voix du président de la République, avant que d'être échaudés par le plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale.
Compte tenu de l'intérêt soutenu manifesté par Jacques Chirac aux questions de politique de santé, de sécurité sanitaire et de bioéthique, certains estiment qu'il pourrait bien faire de ces dossiers, tout comme de ceux de l'environnement, de l'éducation ou de la sécurité, l'un de ses thèmes essentiels lors de la prochaine campagne présidentielle.
La communauté hospitalière compte bien, pour sa part, mettre à profit ce déjeuner pour faire entendre sa voix. Il ne s'agit certes pas pour elle d'avancer des revendications - le pouvoir n'est pas à l'Elysée - mais plutôt d'informer et de sensibiliser le chef de l'Etat. Et surtout, le vraisemblable candidat.
La questions des effectifs médicaux
Les représentants des médecins hospitaliers entendent évoquer devant Jacques Chirac les problèmes de la démographie médicale, c'est-à-dire des effectifs médicaux insuffisants dans les établissements hospitaliers. Présidente de l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), le Dr Rachel Bocher fera des difficultés démographiques l'un des axes de son intervention devant le chef de l'Etat (chacun des convives disposant de trois à quatre minutes pour exprimer ses préoccupations). Un dossier que compte également évoquer le Dr Pierre Faraggi, président de la Confédération des hôpitaux généraux, pour qui « l'évolution de la démographie médicale conditionne beaucoup de choses ».
Des problèmes qui ne peuvent être résolus, selon ce responsable syndical, qu'en faisant preuve d'imagination. Il fera part au chef de l'Etat de son intérêt pour des formules permettant à de jeunes médecins d'exercer à temps partiel à l'hôpital dans des conditions matérielles satisfaisantes.
Le Dr François Aubart - qui ne cache pas son inquiétude devant le malaise qui s'est emparé, selon lui, des médecins hospitaliers -, plaidera également pour que « l'on fasse revenir les compétences médicales à l'hôpital ». Le président de la Coordination médicale hospitalière (CMH) souhaite, à cet effet, que l'on recherche des « éléments contractuels, statutaires pour que les compétences médicales qui se trouvent en médecine de ville puissent revenir, pour partie, à l'hôpital ».
Plaidoyer pour les cliniques
Egalement invités à la table du président, les représentants des cliniques en profiteront sans doute pour faire un plaidoyer en faveur de l'hospitalisation privée. « Mon message au président sera simple, explique le Dr Max Ponseillé, président de la Fédération intersyndicale des établissements d'hospitalisation privée (FIEHP). Il consistera à dire : les cliniques sont devenues un secteur essentiel dans la politique de santé ; on ne peut garantir la vitalité de ce secteur que s'il y a une égalité totale avec l'hospitalisation publique, notamment en matière d'autorisation d'équipements lourds, d'allocation de ressources, d'équité en ce qui concerne les personnels. »
Autant de réflexions et d'analyses qui viendront nourrir la réflexion de Jacques Chirac. Et, qui sait, ses thèmes de campagne.
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