DE NOTRE CORRESPONDANTE
PENDANT que Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, lançait la 1re Journée nationale Hygiène des mains au Plessis-Robinson, le 23 mai dernier, Lyon accueillait ce même jour le symposium final du programme européen IPSE (Improving Patient Safety in Europe), destiné à prévenir les infections liées aux soins dans l'Union européenne. Ce symposium organisé, sous le haut patronage de la ministre de la Santé, par l'université Claude-Bernard - Lyon-I, la Commission européenne et l'OMS, en collaboration avec l'European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC), a permis de mesurer les avancées obtenues depuis les premières pierres posées pour édifier la surveillance et la prévention européennes.
«C'est en 1994 que, avec d'autres responsables de réseau de surveillance des infections nosocomiales en Europe, nous avions formé un groupe capable d'élaborer des protocoles et des indicateurs communs», explique le Pr Jacques Fabry, professeur de santé publique à l'université Claude-Bernard et coordonnateur d'IPSE. En 1998, ce groupe informel, bien que déjà soutenu par la Commission européenne, a porté le projet HELICS (Hospital in Europe Link for Infection Control through Surveillance) sur les fonts baptismaux, puis IPSE, en 2005, dont la vocation devenait bien plus large, puisqu'il s'agissait d'élargir le champ de surveillance aux infections liées à tous les soins, et non uniquement ceux dispensés à l'hôpital.
Entre autres objectifs poursuivis par ce projet, «nous avons ainsi construit un protocole de surveillance des infections avec une base de données européennes commune, indique le Pr Fabry, préparé des standards et des indicateurs européens relatifs à la maîtrise du risque infectieux et de la résistance bactérienne aux antibiotiques, mais aussi proposé un protocole de surveillance pour les établissements accueillant les personnes âgées, et travaillé à l'harmonisation d'un protocole de formation des professionnels de santé concernés avec l'European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ESCMID) ». Des réseaux capables de recueillir et d'analyser des données au niveau national ou régional sont ainsi nés : douze pour la chirurgie et dix pour la réanimation.
Un « thème prioritaire ».
Aujourd'hui, le projet IPSE prend fin, «étant entendu que, à son terme, il appartenait à l'European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) , créé en mai 2005, de reprendre tout ou une partie des activités d'IPSE», souligne le Pr Fabry. Au sein de l'UE, les risques liés aux soins constituent un enjeu de santé publique majeur du fait de la libre circulation : l'hospitalisation de ressortissants de l'UE dans un pays autre que le leur, suivie d'un rapatriement dans le pays d'origine, peut occasionner l' «exportation» de bactéries multirésistantes et le «transfert» de germes, tels que Clostridium difficile.
De son côté, le Dr Dominique L. Monnet, de l'unité de conseil scientifique de l'ECDC, a confirmé que la surveillance et la prévention des infections liées aux soins étaient «un thème prioritaire» pour le centre. «Nous avons déjà établi 29points contacts au sein des États membres, notamment afin de surveiller et travailler sur la prévention des résistances bactériennes aux antibiotiques», explique-t-il. Ces contacts, qui se sont déjà réunis quatre fois depuis 2006, ont également pour mission de «motiver» les ministères de la Santé des États membres à «inviter» l'ECDC à réaliser des visites de sites. D'ailleurs, à la Commission européenne, le sujet est également à l'ordre du jour, comme l'a confirmé Helmut Walerius, représentant la direction générale Défense du consommateur et Protection de la santé du consommateur (DG SANCO), et responsable de l'unité Health Threats. «Nous avons décidé d'aller de l'avant pour développer la sécurité des patients au sein de l'UE», a-t-il affirmé. La prévention des infections liées aux soins doit, en effet, faire l'objet d'un projet de recommandations européennes qui sera présenté au conseil des ministres en 2009. Celui-ci comprendra trois éléments : des recommandations pour faciliter la mobilité des patients et l'accès aux traitements, des recommandations visant à améliorer la circulation des professionnels de santé et, enfin, des recommandations pour améliorer la prévention des infections liées aux soins.
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