« La coordination en cancérologie est au cœur du projet d’établissement 2013-2017 des Hospices civils de Lyon. » Yves Servant, directeur du centre hospitalier Lyon-Sud (Pierre-Bénite), a d’emblée rappelé l’importance de la collaboration des professionnels de santé dans le cadre de la prise en charge des patients souffrant de cancer. Une coopération synonyme de nouvelles pratiques et donc de « défi pour l’hôpital », en particulier dans ses relations avec la médecine de ville.
Bien que la cancérologie soit « le domaine où la notion de parcours de soins est sans aucun doute la plus aboutie », de nombreux rapports ont en effet démontré que l’interface entre acteurs de santé pouvait encore être améliorée. Un enjeu crucial pour le patient, puisque son information et son orientation vers le dispositif adéquat conditionneront la qualité de sa prise en charge. L’intérêt ? « Faire gagner du temps au patient dès l’accueil téléphonique et jusqu’à l’éventuelle programmation opératoire. » D’autant que cette évolution se heurte à l’écueil démographique auquel sont aujourd’hui confrontées nombre de spécialités médicales.
Transversalité
L’amélioration de l’interface entre acteurs de santé apparaît également fondamentale, à l’heure où la chronicisation des cancers et le vieillissement de la population engendrent une véritable transition épidémiologique. Quelque 60 % des nouveaux cas concerneraient en effet des sujets âgés de plus de 65 ans, a précisé Hélène Espérou, directrice du projet médico-scientifique et de la qualité du groupe des centres de lutte contre le cancer, Unicancer. D’où un impact certain sur les relations entre le monde sanitaire et la sphère médico-sociale et « une obligation pour l’hôpital de repenser son organisation en instaurant une véritable transversalité ». Cette réorganisation doit bien évidemment viser aussi à resserrer les liens entre établissements et donc « contribuer à un meilleur maillage territorial ». Dans cette perspective, les Hospices civils de Lyon ont donc mis en place des infirmières de coordination qui sont à la fois « les correspondantes privilégiées des patients et les pivots des relations avec les professionnels de santé de ville ».
Ces nouveaux acteurs devraient se révéler d’autant plus importants qu’« à l’horizon 2015, les chimiothérapies orales représenteront plus de 25 % des modalités de traitements ». Dès lors, une gestion quotidienne de la prise en charge ambulatoire avec un suivi renforcé et une collaboration étroite entre pharmacie hospitalière et officines pharmaceutiques sera nécessaire. Et, de manière plus large, « la sécurisation des pratiques passera par la mise en place de protocoles ». Selon Yves Matillon, doyen de l’Institut des sciences et des techniques de réadaptation de la faculté de Lyon I, cette évolution nécessitera toutefois de « préciser préalablement des notions encore trop peu communes ». En clair, il conviendra de permettre aux différents acteurs de parler la même langue !
Méconnaissance
Des acteurs – infirmières comme médecins ; libéraux comme hospitaliers – qui, à l’instar de Maryse Jeudy, infirmière à l’hôpital Saint-Joseph (Paris), sont convaincus de l’intérêt des réunions pluridisciplinaires après traitements. Mais ces acteurs, malheureusement, ne sont pas encore habitués à se côtoyer. Florence Ambrosino, infirmière libérale et coordinatrice d’un réseau de santé à Marseille, a d’ailleurs souligné « la méconnaissance des soins à domicile par le monde hospitalier ». Conséquence : cette frontière génère un manque d’informations dont se plaignent les patients dès qu’ils sont rentrés à leur domicile. Et Yves Pus, MG à Villiers-le-Bâcle (Essonne) d’ajouter : « Selon un sondage, seule une petite moitié de médecins généralistes étaient satisfaits des relations développées avec l’hôpital et en particulier des comptes rendus d’hospitalisation. » D‘où la nécessité, selon Véronique Trillet-Lenoir, oncologue au CHU de Lyon, de « décloisonner entre professionnels hospitaliers et de mieux définir le parcours de soins pour impliquer les libéraux ». Sans oublier, bien évidemment, de mettre en place un véritable système d’informations afin de permettre aux professionnels de santé de mieux coopérer.
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