DE NOTRE CORRESPONDANTE
«LES GÉNÉRALISTES en ont ras le bol»: c'est le message que l'intersyndicale – MG-France, FMF et Espace Généraliste – majoritaire dans la région Paca a lancé lors d'une réunion organisée il y a quelques jours.
Les médecins de cette région se plaignent d'une pression excessive exercée par les caisses d'assurance-maladie. «Cette pression incessante nuit à la qualité des soins, assure Jean-Claude Régi, président national de la FMF, également président de l'union régionale des médecins libéraux (Urml) de Paca. Elle nous incite à craindre pour l'avenir de ce métier et la motivation des jeunes.» Certains n'hésitent pas à parler de harcèlement, comme Yves Léopold, médecin en Avignon dans le Vaucluse. (« le Quotidien » du 7 février 2007) : «Nous détenons dans notre département un taux de suicides record des médecins. Bien sûr, ce n'est pas dû aux seules pressions des caisses et à leur harcèlement, mais tout y contribue, les conditions de travail dans des zones difficiles et ces tracas administratifs.»
Selon l'intersyndicale, les Cpam des différents départements de la région ont engagé ces dernières semaines une action concentrée contre les généralistes au sujet de l'affectation des ordonnanciers bizones, dans le cadre des affections de longue durée, avec des menaces de sanctions financières à la clé. Jean-Pierre Garnier, vice-président national d'Espace Généraliste et médecin à Apt, dans le Vaucluse, raconte l'exemple d'une autorisation de prise en charge qui a abouti quatre jours… après le décès du patient, et malgré des sollicitations répétées pendant plusieurs mois. «On nous demande de devenir la secrétaire de l'assurance-maladie et de mettre les dossiers à jour. On nous reproche toute une série de choses sur l'ordonnancier bizone, des prescriptions que l'on n'aurait soi-disant pas dû effectuer, par exemple de rembourser 6000euros pour des médicaments touchant au diabète ou à la maladie d'Alzheimer. Et tout cela au nom de la maîtrise des dépenses de santé. Mais, aujourd'hui, cette convention comptable occupe les trois quarts du cerveau du médecin, ce n'est plus possible.»
Du côté des caisses primaires, on se défend d'avoir jamais «harcelé les médecins généralistes».
«Nous avons adressé des courriers aux généralistes à propos de certaines de leurs prescriptions, assure Emmanuel François-Blanc, directeur de la caisse des Bouches-du-Rhône , mais il n'ajamais été question de sanction, simplement de pédagogie. Il est normal que la Sécu épluche les ordonnances pour y repérer les abus, notamment sur les prises en charge en ALD.» L'intersyndicale a rencontré la direction de la caisse des Bouches-du-Rhône le 21 février ; mais, «la qualité d'écoute, selon les représentants syndicaux, n'a pas suffi à apaiser les tensions. Car, dans d'autres départements, les menaces sont plus lourdes».
«Il y a de nombreux médecins dans les Hautes-Alpes qui sont convoqués devant des instances disciplinaires, confirme Marc André Guerville (MG-France). Nous subissons déjà de plein fouet une crise démographique terrible dans les zones rurales. Ces courriers constituent la goutte d'eau de trop.»
Les responsables syndicaux ont promis des actions à venir pour mieux se faire entendre. «Aujourd'hui, nous tentons d'alerter l'opinion sur cette situation, assure Jean-Claude Régi. Ensuite, nous entamerons une démarche pour demander à l'Ordre de reconnaître le généraliste comme spécialiste»; et déjà certains préconisent de coter les actes en tant que spécialistes.
Dans certains départements, des délégations de médecins se disent prêtes à se rendre devant les caisses d'assurance-maladie pour protester. Et à lancer une grève « administrative » à différents niveaux, sur la télétransmission ou l'ordonnancier bizone.
Les idées ne manquent pas.
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