UN TRAVAIL FRANÇAIS vient de confirmer qu'un son doit être distordu pour être interprété au niveau cérébral. Il met en évidence le rôle d'une protéine, la stéréociline, dans cette fonction fondamentale de l'audition, qui participe à l'intelligibilité. L'étude a été menée sur la souris par l'équipe INSERM UMRS 587 de Christine Petit (Paris), en collaboration des chercheurs de Clermont-Ferrand et de Brighton.
Ils sont partis de points connus. Les cellules ciliées de la cochlée traitent le son avant de le coder sous formes d'ondes électriques à destination des aires cérébrales auditives. Il est amplifié, filtré, déparasité, certaines fréquences sont renforcées ou atténuées (masquage) afin de renforcer le contraste pour en augmenter l'intelligibilité, notamment dans le bruit. Il est distordu à un point tel que des sons nouveaux sont créés, absents du message initial. Ils sont connus par les musiciens sous le nom de « sons de Tartini ». Ils sont aussi utilisés par les ORL, sous le nom d'otoémissions acoustiques, pour dépister une surdité, notamment chez les nourrissons.
Les stéréocils unis par des liens fibreux.
Jusqu'au travail de Christine Petit et coll., on pensait que toutes ces déformations du son étaient le fait des canaux de transduction. Leur rôle, au sein de l'oreille interne, est de transformer les vibrations sonores en messages électriques. Ils laissent passer des courants ioniques au rythme du son. Ces canaux de transduction se situent dans la touffe ciliaire des cellules sensorielles, elle-même faite de stéréocils unis par des liens fibreux. C'est sur le fonctionnement de ces liens qu'a conclu le travail français.
L'équipe a travaillé sur des souris déficientes en gène de la stéréociline. Chez l'humain, cette mutation est cause de surdité. De même, ces rongeurs deviennent progressivement sourds. Avant cette échéance, ils sont capables d'amplifier et de filtrer correctement les sons, mais pas de les distordre. Ce qui laisse à penser que les canaux de transduction, jusqu'à présent incriminés, fonctionnent normalement. En revanche, il devient logique d'incriminer l'absence de stéréociline dans la perte de la capacité de distorsion. La stéréociline fait partie des liens qui unissent les stéréocils de la touffe ciliaire.
Il apparaît ainsi qu'une des composantes essentielles du mécanisme d'amélioration du contraste des sons dans le bruit est identifiée. Cette avancée pourrait avoir des conséquences dans l'interprétation des tests audiologiques. Il est connu que l'un des problèmes majeurs du malentendant est l'intelligibilité de la parole en milieu bruyant.
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