LA JOURNéE mondiale de lutte contre le paludisme a été instituée par les gouvernements de 44 pays africains réunis lors du Sommet d'Abuja en avril 2000. A cette occasion, ils se sont engagés à déployer les efforts nécessaires pour réduire de moitié le fardeau du paludisme en Afrique d'ici à 2010. C'est aussi l'un des objectifs du millénaire pour le développement. Depuis Abuja, les ressources consacrées à la lutte contre la maladie ont considérablement augmenté. Et, depuis 2005, la banque mondiale a multiplié par 8 son appui financier et alloué 395 millions de dollars à 13 pays africains. L'initiative du président américain contre le paludisme prévoit de mettre plus de 1,2 milliard de dollars à disposition de 15 pays au cours des cinq prochaines années. A cela s'ajoutent les dons de la fondation Bill & Melinda Gates, qui atteignent plus de 280 millions, pour la recherche, le suivi et l'évaluation. Le Fonds mondial, qui assure deux tiers des ressources, a déjà affecté 2,2 milliards de dollars à la lutte contre la maladie. Néanmoins, les sommes octroyées restent en deçà de 2 milliards de dollars par an, alors que 3 milliards annuels seraient nécessaires.
En dépit des progrès, le paludisme reste la maladie parasitaire la plus meurtrière. C'est la première cause de décès d'enfants en Afrique : 3 000 d'entre eux meurent chaque jour et la maladie fait des ravages parmi les populations les plus vulnérables : femmes enceintes, personnes infectées par le VIH, personnes migrantes ou déplacées. Ses effets sont dévastateurs : chaque année 300 millions d'épisodes aigus de paludisme sont diagnostiqués et de 2 à 3 millions de personnes meurent, dont 90 % en Afrique.
Pourtant, des outils efficaces existent, tels que les moustiquaires imprégnées d'insecticides de longue durée, la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent, les tests de diagnostic rapide, les traitements combinés à base d'artémisinine. Récemment, un nouvel antipaludique à doses fixes adapté pour les enfants a été lancé grâce à un partenariat original entre l'initiative Dndi (Drugs for Neglected Diseases Initiative) et les Laboratoires sanofi-aventis (« le Quotidien » du 2 mars).
Coordonner l'aide.
« Leadership et partenariat », c'est précisément le thème choisi cette année. C'est aussi l'un des objectifs de la Coalition française née de l'initiative des Amis du fonds mondial Europe*, présidée par l'ancienne ministre de la Santé Michèle Barzach et lancée en novembre dernier (« le Quotidien » du 17 novembre). Les financements, les ressources humaines, l'accès à de nouveaux traitements efficaces et de nouvelles méthodes de prévention sont essentiels, mais surtout, «les initiatives individuelles isolées, la coordination insuffisante de l'aide, des donateurs et des bénéficiaires, l'absence d'échanges d'expériences et d'expertises, nuisent à une utilisation optimale et efficace de l'aide». C'est pourquoi la constitution de partenariats entre l'ensemble des acteurs impliqués dans tous les secteurs, au Nord comme au Sud, semble «indispensable pour espérer obtenir rapidement des résultats efficaces et pour mener des actions concrètes et coordonnées».
La Coalition regroupe une trentaine de membres : des institutionnels (ministères des Affaires étrangères et de la Santé) ; des organisations internationales comme le Fonds mondial, l'Unicef, le partenariat faire reculer le paludisme (Roll back malaria), la Coalition mondiale des entreprises, Planet Finance ; des firmes pharmaceutiques (GlaxoSmithKline ou sanofi-aventis) ; des ONG, telles que l'initiative Dndi, Médecins du monde, la Croix-Rouge française, Equilibres & Populations ; des instituts de recherche comme l'Institut Pasteur ou l'IRD. Elle entend profiter de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle pour sensibiliser l'opinion, les médias, les décideurs privés et publics. Comme partout dans le monde, de nombreuses manifestations (campagnes de communication, affichages, concerts, conférences, expositions, ateliers ou concerts) sont organisés à Paris et dans 13 villes de province.
Des étudiants révoltés, mais volontaires.
L'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), membre de la Coalition, est à l'initiative de plusieurs événements culturels et d'actions de sensibilisation**, dont les recettes seront reversées à l'institut Pasteur pour aider à la recherche sur un vaccin antipaludéen, à Aide médicale internationale pour ses campagnes au Sud et à Médecins sans frontières. Les étudiants expriment le «sentiment de révolte» suscité par la prise de conscience pendant leurs études de la catastrophe humanitaire que constitue le paludisme, mais aussi leur «volonté de ne pas rester passifs».
D'autres initiatives sont aussi à noter, comme celle de Plan international, soutenue par Naxitis, qui pour la cinquième année reconduit sa campagne franco-africaine de lutte contre le paludisme*** ou celle de l'association Pacape, qui organise à Aix-en-Provence une exposition « l'Afrique et le paludisme » et un concert.
Le partenariat faire reculer le paludisme a annoncé que près de 1 million de dollars seront affectés à un programme de soutien destiné à favoriser les demandes des pays lors du septième round de financement qui doit se dérouler en juillet prochain. L'objectif est de parvenir à 80 % de projets acceptés pour 19 pays. L'initiative a été salué par le Pr Michel Kazatchkine, nouveau directeur du Fonds mondial, dont le Conseil d'administration se réunit aujourd'hui.
* www.coalitionpaludisme.org.
** Programme sur www.anemf.org/jmlcp/.
*** www.luttercontrelepaludisme.fr.
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