J UGEE « concluante », l'expérimentation en Bourgogne du test de diagnostic rapide de l'angine pourrait être rapidement généralisée à l'ensemble de la France, ce qui éviterait de nombreuses prescriptions inutiles d'antibiotiques.
Utilisé déjà depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis, ce test permet d'identifier facilement les angines d'origine bactérienne qui, seules, nécessitent un traitement antibiotique. Or, sur 9 à 11 millions d'angines par an en France, on estime que les trois quarts sont d'origine virale et ne nécessitent pas d'antibiothérapie. L'examen clinique ne permettant pas aux médecins de distinguer l'origine de l'infection, les recommandations médicales suggèrent par prudence la prescription d'antibiotiques. Résultat : les bactéries développent une résistance aux médicaments. Cette résistance bactérienne est, selon l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) de Bourgogne, d'autant plus préoccupante « qu'aucune nouvelle catégorie d'antibiotiques innovante n'a été commercialisée depuis vingt-cinq ans ».
D'où l'intérêt porté à ce test - dont la fiabilité est supérieure à 90 % - par la direction générale de la Santé, qui a décidé d'en évaluer l'utilisation à l'échelle d'une région. Conduite sous la houlette de l'assurance-maladie et du Pr Henri Portier, chef de service des maladies infectieuses du CHU de Dijon, l'expérimentation semble concluante. Selon les premiers résultats communiqués par l'URCAM de Bourgogne, le test de dépistage rapide s'est révélé négatif dans 71,4 % des cas et, dans 81,7 % des cas négatifs, les médecins ont choisi de ne pas prescrire d'antibiotiques. Par ailleurs, l'adhésion des médecins et des patients à ce test est bonne.
44,1 % des médecins ont accepté de participer à l'expérimentation et le test est bien perçu par les patients. 94,5 % d'entre eux ont trouvé le test soit facile à supporter, soit désagréable, mais supportable, et 96,7 % sont prêts à recommencer. Ils sont plus de 87 % à vouloir le conseiller à des proches. Enfin, l'information passe, puisque 76,8 % des personnes qui ont répondu au questionnaire ont compris que le test permettait de savoir si les antibiotiques sont nécessaires ou pas.
Bilan définitif en septembre
Des études complémentaires sont en cours pour analyser l'évolution des prescriptions d'antibiotiques dans cette région et les raisons qui ont motivé la non-participation de certains médecins à l'expérimentation. Le rapport définitif devrait être remis en septembre au ministère de l'Emploi et de la Solidarité qui, seul, pourra prendre la décision de la généraliser ou non. La Caisse nationale d'assurance-maladie y semble pour sa part favorable et a déjà commencé à réfléchir aux dispositions à prendre en ce qui concerne le financement, la mise des tests à la disposition des médecins et leur formation. Selon la CNAM, la généralisation du test permettrait d'éviter de 6 à 7 millions de prescriptions d'antibiotiques « et de lutter contre la résistance bactérienne sans faire courir de risque aux malades ». Il permettrait également de réaliser des économies sur les dépenses de médicaments, même si, pour la CNAM, cet objectif reste « secondaire ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature