DE NOTRE CORRESPONDANTE
AU LENDEMAIN de son trentième anniversaire, la clinique du Tonkin semble sortie d'une mauvaise passe. La santé financière de cette clinique, fleuron de la Holding Tonkin Investissements, qui détient six autres établissements de la région (1), s'était dégradée à la fin des années 1990. Pourtant dotée du FSO (Forfait salle d'opération) le plus élevé de la région, cet établissement avait été rattrapé par les lois de l'économie, comme beaucoup d'autres cliniques en France. Des dysfonctionnements dans l'organisation et dans la gestion des erreurs de stratégie financière s'étaient ajoutés à des facteurs externes défavorables. Au printemps 2003, la rentabilité du groupe n'était plus en mesure de faire face à ses obligations. Si bien que son propriétaire, la famille Hurrle, qui avait injecté plus de 20 millions d'euros en 18 mois pour le reconditionnement des cliniques, décidait de se désengager du groupe. Les Laboratoires Mérieux, alliés aux Laboratoires Charcot (Lyon) et Bouvier Hache Vock (Roanne), se portaient alors acquéreurs : « C'était l'occasion d'élargir notre offre de soins, dit le P-DG de Tonkin Investissements, Alain Lyonnet. Nous réalisions déjà les analyses de biologie d'un certain nombre d'établissements du groupe et il existait un lien historique fort avec la clinique du Tonkin, puisque le Dr Charles Mérieux en avait été un fondateur déterminant. ».
Dans le paysage lyonnais de l'hospitalisation privée, la reprise de cliniques par des opérateurs de santé, et non des financiers, reste peu banale. « Nous avons la prétention d'avoir une gestion plus proche des établissements et des praticiens », assure Alain Lyonnet.
Expertise renforcée.
Un redressement a donc été opéré par la nouvelle équipe : sur les neuf premiers mois de l'année 2004, la clinique enregistrait un million de bénéfice sur un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros. « Mais il faut encore améliorer ce résultat, estime le P-DG. Nous sommes dans des activités qui doivent gagner de l'argent, non pour verser des dividendes puisque nous n'avons pas cette contrainte boursière, mais pour investir dans le matériel qui sous-tend les projets médicaux. » D'ailleurs, cette remise à flot a rendu la clinique plus séduisante puisque dix nouveaux praticiens sont récemment venus étoffer les équipes en place. Doté de 275 lits, l'établissement qui compte 600 salariés et 130 praticiens a renforcé son expertise en cardiologie interventionnelle et chirurgie cardiaque, en neurochirurgie et dans d'autres spécialités encore. « Nous avons renforcé cette palette avec une nouvelle autorisation de radiothérapie afin d'ancrer un pôle fort de cancérologie sur ce site », déclare Alain Lyonnet. Cela a été fait malgré l'opposition affichée des Hospices civils de Lyon, du centre Léon Bérard et de la Générale de Santé, également détenteurs de cette autorisation.
En parallèle, 25 nouveaux lits de médecine seront bientôt créés. Ils seront notamment dédiés à l'urgence cardio-vasculaire et aux soins palliatifs. Enfin, « le Tonkin est la seule clinique du Grand Lyon à disposer d'une concession de service public pour l'ensemble de ses activités, rappelle Laila Najib, chargée de mission au sein du groupe, ce qui lui donne une mission de formation des internes en médecine ».
Extension.
En pleine réorganisation, cet établissement a dû mettre en place la T2A (tarification à l'activité), subissant au passage les effets de quelques incohérences administratives. « On nous applique un tarif qui ne reconnaît pas l'activité de réanimation, alors que celle-ci mobilise beaucoup de moyens et coûte très cher », pointe Laila Najib. Selon le P-DG du groupe, la perte annuelle serait estimée à 1,7 million d'euros et « pourrait anéantir tous (nos) efforts ».
L'Agence régionale d'hospitalisation (ARH) de Rhône-Alpes, qui n'est pas tout à fait d'accord avec ce calcul, précise que tout devrait rentrer dans l'ordre avec la publication du prochain Sros (schéma régional d'organisation sanitaire). La clinique du Tonkin lance quand même un grand projet d'extension, sur 20 000 m2, pour 2007. Entre 20 et 25 millions d'euros devraient être investis pour rassembler toute la cancérologie, créer un centre de dialyse, ainsi qu'un nouveau lieu de consultation pour les praticiens et un établissement de médecine physique et de rééducation. Une maison médicale de garde, en partie financée par Tonkin Investissements, pourrait voir le jour, si les « discussions » engagées avec la mairie de Villeurbanne aboutissent, et si les libéraux de la commune adhèrent au projet.
(1) Cliniques de La Sauvegarde, Saint-Louis et Sainte-Marie-Thérèse en région lyonnaise, Renaison et Brossolette à Roanne, et l'établissement de soins de suite La Condemine en Ardèche.
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