Vert anis, rose framboise, bleu, orange… Ça sent encore un peu la peinture dans les couloirs de la clinique Charcot, à Sainte-Foy-lès-Lyon dans l’agglomération lyonnaise. L’établissement se refait une beauté en s’agrandissant : le bâtiment d’origine qui datait de 1967 est désormais comme neuf et il doit accueillir une nouvelle aile dans les mois qui viennent. Aux services de gynécologie, d’ophtalmologie, de cancérologie et d’orthopédie est en effet venue s’ajouter une unité de dialyse avec le centre de rein artificiel qui fonctionnait jusqu’alors dans la commune voisine de Tassin-la-Demi-Lune. L’installation est toujours en cours, mais d’ici au printemps prochain, la clinique passera de 94 à 120 lits de médecine, de 9 à 12 blocs opératoires et elle vient d’obtenir l’agrément pour s’équiper d’une IRM.
Ce chantier, l’un des plus vastes engagés en 45 ans d’existence, a pu voir le jour grâce au financement du plan Hôpital 2012 qui a apporté une enveloppe de 10 millions d’euros, mais aussi en grande partie grâce aux fonds propres de la clinique. « On économise », sourit la directrice en poste depuis 2003, Frédérique Gama. « Dès l’origine, aucun dividende n’a été reversé aux actionnaires, l’argent étant mis de côté pour ce type d’investissements. » Ces actionnaires si peu gourmands sont en fait les médecins eux-mêmes : l’établissement n’ayant jamais cédé aux sirènes des grands groupes de santé, il est resté indépendant et propriété de ses principaux utilisateurs, une cinquantaine de praticiens qui détiennent des parts à peu près égales du capital. Cet équilibre s’est maintenu au fil des ans car chaque nouvel arrivant est invité à continuer le processus. « On laisse bien entendu aux médecins le temps de s’installer, tempère Frédérique Gama, de décider s’ils se sentent assez bien pour rester, mais on les incite à jouer le jeu, car une fois associés aux résultats, ils sont aussi nécessairement plus impliqués dans la gestion de l’établissement. »
Un dialogue permanent
Ainsi, comme dans toute entreprise, une assemblée générale rassemble chaque année la totalité des actionnaires. Mais surtout, une fois par trimestre environ, se réunit le conseil de surveillance composé de 12 médecins et anesthésistes. Et enfin, toutes les deux semaines, la directrice rencontre également le directoire de la clinique Charcot ; cinq praticiens élus par leurs pairs.
Au cours de ces différents rendez-vous sont abordés tous les sujets de gestion, depuis le choix informatique du dossier patient jusqu’à la comptabilité analytique, en passant bien sûr par l’organisation des services. La directrice établit l’ordre du jour, mais chaque dossier est validé par les médecins avant d’être mis en œuvre. Cette ancienne expert-comptable s’est faite pédagogue pour transmettre quelques bases de gestion à des interlocuteurs plus à l’aise avec l’anatomie qu’avec les flux d’exploitation. « J’essaie de proposer des tableaux simples et significatifs et les médecins peuvent ainsi suivre les comptes de gestion tous les mois pour savoir si on est à la hausse ou à la baisse et réagir en conséquence. Lorsqu’il y a un mauvais mois, je ne me sens pas seule responsable, car s’il est dû à des frais exceptionnels, ce sont des dépenses qui ont déjà été débattues et acceptées. Si c’est une baisse d’activité, mes interlocuteurs au directoire ne peuvent pas me dire de réagir puisque ce sont eux qui apportent l’activité ! On est dans un débat d’écoute et de respect mutuel des uns et des autres, il y a des impératifs médicaux mais aussi des impératifs de gestion qui font de nos échanges un dialogue permanent, stimulant, pour avancer ensemble dans la même direction : faire progresser la clinique. »
Autre atout de cette gestion collective par les médecins : la transmission des directives. Une coupe claire dans le budget, un refus de création de poste ou la nécessité de revoir la stratégie d’un service ; toutes ces informations qui pourraient être mal reçues par les équipes sont en fait défendues par les principaux intéressés. « Les soignants acceptent d’autant mieux les contraintes qu’elles sont décidées, puis expliquées par leurs pairs. Il y a des problèmes qui se règlent au bloc opératoire sans venir jusqu’à moi ! »
« On vient en souriant »
Cette harmonie entre gestion et médecins se retrouve aussi sur le chapitre des honoraires. Les praticiens les fixent à leur guise en restant dans une moyenne des prix pratiqués dans l’agglomération. Grâce à cette atmosphère de travail apaisée, « on vient à la clinique en souriant », assure Frédérique Gama, qui souligne surtout la bonne santé de ce petit établissement de l’Ouest lyonnais. Il a pourtant connu comme la grande majorité des cliniques privées une baisse de sa rentabilité sur les quatre dernières années, avec des tarifs qui baissent ou qui stagnent, des charges en constante augmentation, et la concurrence accrue de l’hôpital depuis la mise en place de la T2A. Mais le centre de soins tente de lutter sur le terrain de la qualité. Pour les patients bien sûr, mais aussi pour attirer de jeunes médecins dans une agglomération assez concurrentielle. Or la clinique accumule les bonnes notes : une majorité de A dans les derniers rapports de certification du ministère de la Santé et des scores bien au-dessus de la moyenne nationale concernant les indicateurs de qualité de prise en charge des patients.
La clinique Charcot peut aussi se targuer de quelques succès dans les palmarès des grands hebdomadaires nationaux : le suivi du cancer du sein est ainsi classé au 7e rang national dans le dernier recensement du Point paru en juin avec 18,28 sur 20 ; et le traitement des varices atteint le 14e rang avec 16,45. « La clinique est moderne, elle est dynamique, et ça commence à se voir, se félicite Frédérique Gama, et grâce aux travaux d’agrandissements, on s’est positionnés pour les quinze à vingt ans qui viennent. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature