La clé de la sensibilité aux piments et à la chaleur

Publié le 22/05/2003
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La capsaïcine est un composé naturel des piments qui produit la sensation de brûlure dans la bouche. Son récepteur, sur les terminaisons des neurones sensoriels de la voie douloureuse, est appelé TRPV1. Ce récepteur TRPV1, une protéine canal à ions TRP (Transient Receptor Potential), est activé non seulement par la capsaïcine, mais aussi par d'autres stimuli chimiques ainsi que thermiques, comme la chaleur supérieure à 43 °C.

Au repos, ces récepteurs TRPV1 sont inhibés par un phospholipide membranaire, appelé PIP2, et activés lorsque le PIP2 est hydrolysé par l'enzyme PLC (phospholipase C).
Prescott et Julius, de l'université de San Francisco, ont identifié la base structurelle qui permet la régulation des récepteurs TRPV1 par le PIP2. Ils ont identifié un site sur le récepteur TRPV1 (domaine 777-792) qui fixe directement le PIP2.

La force de l'interaction détermine la sensibilité

Les chercheurs montrent que, en réponse à des stimuli comme la capsaïcine, le PIP2 se détache du récepteur, ce qui le sensibilise aux stimuli brûlants. De plus, la force de cette interaction détermine la sensibilité du récepteur. Ainsi, des mutations qui affaiblissent l'interaction PIP2-TRPV1 réduisent les seuils d'activation pour les stimuli chimiques ou thermiques.
« Le récepteur capsaïcine TRPV1 est normalement activé à partir d'un seuil qui correspond à la survenue de dégâts tissulaires et de la douleur (43 °C) », notent les chercheurs. « Notre étude suggère que ce point de réglage, physiologiquement crucial, est déterminé, au moins en partie, par la force de l'interaction PIP2-TRPV1... Si cette interaction était trop forte, alors le seuil d'activation serait trop élevé pour servir de mécanisme d'alerte efficace », expliquent-ils. « L'affinité plus tempérée de TRPV1 pour PIP2, non seulement établit un seuil d'activation physiologiquement approprié, mais permet aussi au canal d'être modulé par des produits inflammatoires qui activent l'enzyme PLC. »
Les chercheurs suggèrent que la modification de ce domaine de fixation régulateur, par des moyens génétiques, biochimiques ou pharmacologiques pourrait affecter profondément la sensibilité des nerfs aux stimuli chimiques et thermiques, tant dans les conditions normales que pathologiques.

« Science » 23 mai 2003, p. 1284.

Dr Véronique NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7340