604 cas en 2008, 1.544 en 2009, 3094 sur les huit premiers mois de 2010... L'épidémie de rougeole qui sévit en France depuis 2008 s'est nettement intensifiée début 2010. L'Institut de veille sanitaire (InVS) a rendu public cette semaine un bilan provisoire de l’épidémie qui fait état de plus de 3.000 cas déclarés entre janvier et août, et un pic d'incidence en avril. Avec ces 3.094 cas recensés entre le 1er janvier et le 31 août 2010, ce sont au total 5.221 cas de rougeole qui ont été déclarés en France depuis le début de l’épidémie, soit entre le 1er janvier 2008 et le 31 août 2010. Et une centaine de cas ont été déclarés pour septembre, selon les données de l'InVS disponibles au 5 octobre.
Peu de départements sont épargnés par le virus. Sur les huit premiers mois de 2010, l’INVS estime que le virus a circulé sur «la quasi-totalité du territoire en France métropolitaine». Toutefois, quatre départements sont particulièrement affectés avec une incidence supérieure à 20 cas pour 100.000 habitants dans l’Aveyron, les Pyrénées-Orientales, la Vienne et l’Ariège contre 4,84/100.000 au niveau national.
Depuis le début de l'épidémie, 34% des cas déclarés en 2010 ont été hospitalisés et quatre personnes sont décédées de complications de la rougeole (neurologiques pour deux cas, pulmonaires pour les deux autres). Plusieurs foyers épidémiques ont concerné des crèches, des écoles, des étudiants et des gens du voyage. Une quarantaine de cas liés à une probable contamination nosocomiale ont également été rapportés. Selon l’InVS, par rapport à 2009, les taux d'incidence ont plus que doublé chez les moins de 1 an et chez les jeunes adultes, groupes d’âge pour lesquels les complications sont plus fréquentes et sévères, indique l'InVS.
Le seuil de 95% de vaccination toujours pas atteint
L’Invs en profite pour rappeler la nécessité d’améliorer la couverture vaccinale. Selon l’Institut, la diffusion du virus est «la conséquence d'un niveau insuffisant et hétérogène de la couverture vaccinale en France».En juillet dernier, le une étude parue dans le BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) estimait à 90% en 2007, la couverture vaccinale rougeole-rubéole-oreillons (RRO) à 24 mois, un taux en légère augmentation dans els années 2000, mais inférieur au seuil de 95% jugé nécessaire à l'interruption de la transmission et à l'élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale, soulignaient les auteurs de l'étude. De son côté, l’InVS a testé le statut vaccinal chez huit patients atteints de rougeole sur dix. Et sur l’ensemble de ces cas, 82 % n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, 14 % avaient reçu une seule dose, 3 % avaient reçu deux doses et le nombre de doses était inconnu pour 2 %.
L’InVS appelle donc à un renforcement de la vaccination contre la rougeole des jeunes enfants (dès 9 mois si gardés en collectivité), ainsi qu'au rattrapage vaccinal des enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à l’âge de 30 ans. Pour les bébés, la recommandation actuelle de vaccination contre la rougeole (avec un vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole) est l’administration d’une 1re dose à 12 mois et d’une 2e dose entre 13 et 24 mois. Un programme de rattrapage cible les enfants et adolescents nés en 1992 et au-delà (ayant jusqu’à 18 ans en 2010) pour atteindre deux doses et les adultes nés entre 1980 et 1991 (âgés de 19 à 30 ans en 2010), pour atteindre une dose.
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