De notre correspondante
à New York
La majorité des cancers du col de l'utérus (jusqu'à 99 %) est due à l'infection par des papillomavirus humain (HPV) oncogènes. On les considère en effet comme la principale cause du développement des lésions prémalignes et malignes du col utérin.
Par conséquent, tout facteur qui, réduisant la probabilité de contracter ou de transmettre le papillomavirus, chez les hommes ou les femmes, pourrait théoriquement réduire le risque de cancer du col.
Des études suggèrent que la circoncision réduit la prévalence de plusieurs maladies sexuellement transmissibles, mais on ignore si ces hommes ont moins de risques de contracter l'HPV (et donc de le transmettre).
Un effort de recherche majeur pour évaluer le rôle du papillomavirus et de divers facteurs modificateurs dans le développement du cancer du col utérin est mené depuis quinze ans par l'Agence internationale de recherche sur le cancer (à Lyon). Dans le cadre de ce large projet, cinq études cas-témoins de cancer invasif du col et deux études cas-témoins de cancer in situ du col ont été conduites en Espagne, en Colombie, au Brésil, en Thaïlande et aux Philippines, entre 1985 et 1993.
Castellsague (Barcelone) et coll. ont utilisé les données de ces sept études afin d'examiner si la circoncision réduit le risque d'infection génitale masculine à HPV, et abaisse le risque de cancer du col chez leurs partenaires sexuelles féminines. Leur analyse est publiée dans le « New England Journal of Medicine ».
Ils ont retenu 1 913 femmes (cancer du col récemment diagnostiqué ou témoins) enrôlées dans ces études, dont le partenaire masculin stable (depuis au moins six mois) avait pu être interrogé.
6% des hommes circoncis
Deux échantillons de cellules exfoliées du pénis (urètre distal et surface externe du gland) ont été testés par Polymerase Chain Reaction (PCR) chez 1 520 hommes, afin de détecter un papillomavirus humain. Le test n'a donné un résultat valable que chez 1 139 hommes.
Résultat, 20 % des hommes non circoncis (166/847), contre seulement 6 % des hommes circoncis (16/292), sont trouvés avec une infection du pénis par HPV. Ainsi, après plusieurs ajustements (dont l'âge au premier rapport sexuel et le nombre de partenaires sexuelles depuis le début), les hommes circoncis ont 63 % moins de risque d'avoir une infection par HPV que les autres (OR = 0,37 ; IC 95 % : 0,16 à 0,85).
De plus, les femmes monogames dont le partenaire sexuel est à risque élevé d'infection HPV (comptant au moins 6 partenaires sexuelles depuis le début de l'activité sexuelle) ont 58 % moins de risque d'avoir un cancer du col lorsque leur partenaire est circoncis que lorsqu'il ne l'est pas.
Dans un éditorial, les Drs Adami (Stockholm) et Trichopoulos (Boston) précisent : « En supposant que 25 % des hommes dans le monde sont circoncis, l'adoption générale de la circoncision pourrait conduire à une plus grande baisse - de 23 à 43 % - de la fréquence du cancer du col. Puisque la circoncision tend aussi à réduire le risque de cancer du pénis, l'infection par le VIH et peut-être d'autres infections uro-génitales, cette pratique devrait avoir des bénéfices de santé publique considérables. »« Ces implications doivent toutefois être considérées dans le cadre plus large du coût et de la faisabilité », ajoutent-ils, d'autant que plusieurs autres approches pourraient réduire le risque de cancer du col - dépistage plus large du cancer in situ par frottis, utilisation des préservatifs et vaccination prophylactique contre l'infection HPV (en cours d'évaluation clinique). « Il reste à établir si des interventions qui visent à augmenter les taux de circoncision offrent une adjonction réaliste et quantitativement importante aux autres stratégies pour combattre le cancer du col », concluent-ils.
« New England Journal of Mecidine », 11 avril 2002, pp 1105 et 1160.
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