LE CONGRES de la 3e Conférence de l'International Aids Society (IAS) a été l'occasion de présenter un travail dont l'investigateur principal est français, et qui, pour la première fois, établit que la circoncision réduit fortement le risque de contamination par le VIH. Il confirme ce que différentes études d'observation avaient jusque-là suggéré, mais n'induit nullement la conclusion que la circoncision serait un moyen de prévention.
« La diminution importante du risque de contamination par la circoncision observée dans l'essai ANRS 1265 a été obtenue dans des conditions expérimentales soigneusement encadrées : information sur la prévention, fourniture de préservatifs, pratique médicale de la circoncision », relativisent les auteurs. « Le risque est sûrement plus élevé dans la "vraie vie". » Et les autorités de santé publique soulignent que l'étude ne permet pas de relâcher la vigilance quant à l'utilisation des préservatifs, la protection conférée par la circoncision n'étant pas de 100 %.
« Pour l'heure, l'ensemble des partenaires mène une réflexion commune pour savoir ce que l'on doit faire de ces résultats en termes de politique de santé publique », commente le Pr Jean-François Delfraissy (directeur de l'ANRS).
A l'âge adulte.
L'essai ANRS 1265, réalisé sous la forme d'un travail randomisé et contrôlé, démontre que la circoncision effectuée à l'âge adulte diminue fortement chez les hommes le risque de contracter le VIH. L'équipe a été constituée par l'association en France de chercheurs de l'AP-HP et de l'université de Versailles-Saint-Quentin avec des chercheurs de l'Institut national des maladies transmissibles (Nicd) et la société Progressus en Afrique du Sud. L'étude a été menée à Orange Farm dans la province de Gauteng en Afrique du Sud, entre 2002 et 2005, chez des jeunes hommes volontaires (de 18 à 24 ans) qui avaient choisi de se faire circoncire. Ils ont été associés à un groupe témoin, pour former une cohorte de plus de 3 000 hommes. Les informations sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles et sur le VIH ont été délivrées. Des préservatifs ont été offerts à tout le monde. Le nombre des personnes qui ont été infectées pendant l'étude est trois fois moins élevé dans le groupe des circoncis que dans l'autre groupe : 18 versus 51 contaminations.
Les mécanismes permettant d'expliquer cette protection demeurent obscurs vont être étudiés, ainsi que l'effet à long terme de la circoncision.
* Bertran Auvert (Inserm U 687), Dirk Taljaard et Adrian Puren.
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