Exanthème et enanthème.
Les exanthèmes sont des éruptions cutanées érythémateuses (c'est-à-dire « rouges »), dont la lésion élémentaire est une macule (c'est-à-dire une « tache ») ou une papule (c'est-à-dire une « élevure »), affectant une grande surface cutanée et régressant rapidement. Les énanthèmes en sont le pendant muqueux.
Claque, guirlande.
Le mégalérythème affecte en général l'enfant d'âge scolaire, de façon sporadique ou au cours de petites épidémies hivernales ou printanières. Après une incubation d'une semaine environ, marquée parfois par quelques prodromes aspécifiques (nausées, céphalées, fébricule), apparaît une éruption qui se développe en trois temps.
Il s'agit d'abord d'un érythème d'une joue ou des deux, leur donnant un aspect souffleté, en « claque ».
Puis, un ou deux jours plus tard, survient un rash maculopapuleux des membres et des fesse, voire du tronc, en « guirlandes ».
Enfin, le troisième et dernier stade de l'affection est marqué par des épisodes itératifs de résurgence de l'érythème, à la faveur d'un bain chaud, d'une exposition solaire ou du stress, et ce pendant encore une à quatre semaines, jusqu'à la disparition complète de l'exanthème sans desquamation ni séquelles.
Parvovirus B19.
Ce n'est que bien longtemps après sa description clinique que l'origine virale du mégalérythème épidémique fut découverte, en 1983, date à laquelle on le rattacha formellement à une primo-infection par le parvovirus B19, isolé six ans plus tôt dans un isolat sérique intitulé « B19 ».
Le parvovirus B19 est un petit virus sphérique humain, à ADN, non enveloppé, thermostable, de la famille des parvoviridae.
Il est transmis par voie aérienne et par voie verticale mère-enfant. Une transmission par transfusion est également possible. La contamination se fait dans un quart des cas avant cinq ans et 60 à 70 % des adultes ont une sérologie positive. La primo-infection n'est cependant pas toujours symptomatique : chez un patient sur quatre, elle passe totalement inaperçu et chez un patient sur deux, elle ne revêt aucune caractéristique particulière.
Le diagnostic biologique d'une infection récente par le parvovirus B19 repose sur la recherche d'IGM spécifiques, apparaissant huit à dix jours après le début de l'infection.
Autres tableaux liés au virus.
Outre le mégalérythème épidémique, le parvovirus B19 est incriminé, en particulier chez l'adulte, dans divers autres tableaux cliniques : rash aspécifiques, exanthèmes purpuriques tels que le syndrome en gants et chaussettes ; polyarthrite. Il est également responsable de crises érythroblastopéniques, résultat de son tropisme pour les précurseurs hématopoïétiques de la lignée rouge. Celles-ci sont en général infracliniques. Elles peuvent cependant provoquer une anémie aiguë sévère chez les sujets dont les globules rouges ont une demi-vie raccourcie (drépanocytose, déficit en pyruvate kinase,...) et une anémie chronique profonde chez les sujets immunodéprimés. Le parvovirus B19 est aussi impliqué dans la survenue de diverses connectivites, en particulier la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux systémique, bien que son rôle pathogène exact dans ces affections soit encore confus.
Enfin, la survenue d'une primo-infection au cours de la grossesse se complique d'une infection foetale dans environ un tiers des cas, exposant le foetus au risque d'anasarque potentiellement létale.
Sur des terrains particuliers...
Pour conclure, on ne peut que souligner la grande diversité des manifestations cliniques du parvovirus B19. A côté du banal mégalérythème épidémique bien connu de l'enfant, l'infection par ce virus peut présenter un profil évolutif beaucoup moins bénin sur des terrains particuliers tels que la grossesse, l'immunodépression ou encore l'hémolyse chronique. Sa responsabilité dans diverses connectivites est également soulevée. S'il n'existe pas de virus « B18 », « B17 »... à découvrir, le champ des maladies liées au parvovirus « B19 » n'est peut-être pas encore clos...
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