La chute d'un ténor lyonnais

Il rêvait d'être ministre sous Sarkozy. Il ne sera plus député.

Battu par le socialiste Jean-Louis Touraine, Jean-Michel Dubernard, qui était élu du RPR, puis de l'UMP, depuis 1986, ne siégera pas à l'Assemblée nationale au cours des cinq prochaines années.

Le verdict est sévère pour cette personnalité politique qui a acquis une notoriété nationale et internationale après sa première allogreffe mondiale de main et la première greffe du visage.

La défaite de dimanche est, pour lui, d'autant plus dure à avaler qu'elle lui a été infligée par un autre membre éminent de la communauté médicale lyonnaise avec lequel il n'entretient pas des rapports des plus amicaux, et que les résultats du premier tour, où il était arrivé avec treize points d'avance, sur son concurrent socialiste, ne lui laissaient pas prévoir sa défaite.

Mais l'appel à voter pour le Pr Touraine de l'ancien ministre Azouz Begag, candidat du Modem, qui avait recueilli près de de 15 % des voix au premier tour et qui ne porte pas le candidat UMP dans son coeur, explique, du moins en partie, ce résultat inattendu. «Mais le PrDubernard n'a pas que des amis à Lyon», commentait aussi il y a quelques semaines un journaliste de la capitale des Gaules. Cela s'est vérifié dimanche dans la 3e circonscription du Rhône.

C'est en tout cas une figure du monde politique lyonnais qui quitte, peut-être provisoirement, l'Assemblée nationale.

Président, pendant la dernière législature, de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, le Pr Dubernard était présent sur tous les débats de santé et de protection sociale, et montrait sa très grande connaissance de ces problèmes. «Je suis, disait-il dans “le Quotidien” du 29 mai qui présentait son face-à-face avec le Pr Touraine, le cinquième député le plus présent à l'Assemblée. Je me suis occupé de santé publique; de l'assurance-maladie et de recherche. Et je pense qu'il y a encore beaucoup à faire.» Il ne le fera pas, du moins à l'Assemblée nationale.

Il lui reste à mener la bataille des municipales et à aider Dominique Perben à battre le maire actuel, le socialiste Gérard Collomb. Mais la tâche ne sera pas aisée. «Cette victoire de la gauche dans la 3ecirconscription offre au maire de Lyon une perspective moins bouchée qu'il n'y paraissait dimanche dernier, commentait “le Progrès de Lyon” au lendemain du scrutin des législatives. Le 3earrondissement est en effet un des enjeux de l'électionmunicipale de 2008.»