Le gouvernement chinois a pris conscience de la gravité de la progression de l'épidémie de SIDA en Chine. Même si elle persiste à sous-estimer le nombre des cas d'infection par le VIH, la Chine a débloqué 900 millions de yuans (120 millions de dollars), pour « nettoyer l'approvisionnement en sang », a rapporté un porte-parole de l'UNICEF, au cours de la première conférence nationale sur le SIDA organisée en Chine et qui vient de se terminer à Pékin.
L'ouverture même de cette conférence montre que les autorités chinoises prennent enfin le SIDA au sérieux. Officiellement, le pays compterait actuellement un peu plus de 600 000 personnes infectées. Néanmoins, des experts indépendants estiment que dans la seule province du Henan (centre de la Chine) où les autorités provinciales avaient mis en place, à la fin des années quatre-vingt et jusqu'au milieu des années quatre-vingt-dix, une vaste opération de collecte de sang auprès des paysans, un million de personnes ont probablement été infectées.
La pratique consistait à prélever le plasma et à réinjecter ensuite au donneur le reste du sang qui avait cependant été préalablement mélangé à celui d'autres donneurs. « J'ai vendu mon sang environ 70 fois par an pendant sept ans », a déclaré à l'AFP Yang Ping, 38 ans, originaire de la province du Henan. Séropositive et souffrant depuis deux ans de fortes fièvres et d'affections cutanées, elle est venue à Pékin avec huit autres adultes, tous malades du SIDA. Avant de vendre son sang, elle vendait des crêpes. Mais, explique t-elle, « nous pouvions gagner plus avec le sang. Alors nous avons arrêté les crêpes. Nous espérons qu'ici, à Pékin, nous pourrons recevoir une aide. Les médecins de l'hôpital du district refusent de nous voir, par peur d'attraper la maladie ».
A l'hôpital de Ditan, dans le nord de Pékin, seulement une vingtaine de malades par an ont été traités. Le coût des traitements, environ 10 000 dollars par an pour les seuls médicaments, est hors de portée de la quasi-totalité des malades.
« S'il n'y a pas de changement à l'intensité de la réponse contre le SIDA, l'épidémie va inévitablement croître », a déclaré le directeur de l'ONUSIDA, Peter Piot, durant la conférence de Pékin, précisant que « durant les deux prochaines décennies, ce qui se passera en Chine sera déterminant pour le fardeau global que représentera le SIDA ». Il a également plaidé pour l'absence de discrimination envers les malades du SIDA. La Chine n'exclut pas d'enfreindre les brevets des médicaments permettant de lutter contre le VIH si les négociations entreprises avec les firmes pharmaceutiques, notamment avec Merck et GlaxoSmithKline, pour faire baisser les prix, n'aboutissaient pas.
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