L'INTERET d'une chimiothérapie adjuvante après résection totale de la tumeur a été établi dans un certain nombre de pathologies, telles que les cancers du sein, du côlon ou de l'estomac. Pour les sujets souffrant de cancers du poumon non à petites cellules, une telle stratégie thérapeutique avait été évoquée de longue date, mais aucune étude clinique n'avait permis d'étayer cette position.
Pour cette raison, en 1995, une équipe internationale de pneumologues (Ialt, International Adjuvant Lung Cancer Trial), coordonnée par le Dr Jean-Pierre Pignon (institut Gustave-Roussy, Villejuif), a mis en place une étude sur 1 867 patients opérés d'un cancer du poumon non à petites cellules.
Trois ou quatre cycles.
A la suite des résultats histologiques de l'intervention chirurgicale - et dans la mesure où ils prouvaient l'ablation totale de la tumeur -, les patients étaient tirés au sort soit pour trois ou quatre cycles de chimiothérapie par cisplatine, soit pour un suivi observationnel simple. Dans le même temps, les cliniciens devaient établir le stade clinique de la maladie et déterminer les doses totales de cytotoxiques à utiliser.
Sur les 1 867 sujets randomisés, 36,5 % étaient atteints d'une tumeur de stade I, 24,2 % de stade II et 39,3 % de stade III. De plus, 56,5 % des sujets ont reçu conjointement au cisplatine de l'étoposide, 26,8 % de la vinorelbine, 11 % de la vincristine et 5,8 % de la vindésine. Sur les 932 sujets qui ont bénéficié d'une chimiothérapie, 73,8 % ont reçu une dose totale de cisplatine de 240 mg/m2. La durée moyenne du suivi a été de cinquante-six mois.
Augmentation de survie de 4,1 %.
« La survie à cinq ans des patients sous chimiothérapie s'est révélée significativement supérieure à celle des témoins (44,5 % contre 40,5 %), leur survie sans maladie a été de 39,5 % contre 34,5 % à 5 ans », expliquent les auteurs. Le nombre de décès directement imputables à la chimiothérapie a été estimé à 7, soit 0,8 % des sujets traités. Globalement, il existe une augmentation absolue de la survie à 5 ans de 4,1 %.
Dans un éditorial, le Pr Ronald Blum (New York) explique que « cet essai reste limité par le choix de la procédure d'inclusion. Des chimiothérapies sont en effet parfois proposées de façon préchirurgicale chez ces patients et, de ce fait, on peut considérer qu'un certain nombre de patients ont été exclus de l'étude. Par ailleurs, il était impossible d'associer une radiothérapie postopératoire chez les patients non traités par chimiothérapie. Or le bénéfice de ce traitement adjuvant semble exister. En outre, aucun des patients traités par médicaments cytotoxiques n'a pu bénéficier d'une radiothérapie qui aurait pu potentialiser l'effet thérapeutique. Enfin, la question de la toxicité de la chimiothérapie se pose chez des sujets qui sont généralement âgés, qui viennent juste d'être opérés par thoracotomie et qui peuvent être atteints de comorbidités. Dans ce contexte, il paraît raisonnable de ne pas imposer de pratique clinique rigide à ces patients, mais d'analyser le rapport bénéfice/risque de façon rigoureuse et de l'exposer précisément au patient et à sa famille. »
« New England Journal of Medicine », vol. 350, n° 4, pp. 351-36à et 404-405 ; 22 janvier 2004.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature