En ligne avec les projets de réforme de la Sécurité sociale, et notamment avec les pistes étudiées par la mission Chadelat, qui doit rendre sa copie à la fin de ce mois, la CFDT se prononce pour une pleine association des régimes complémentaires à toutes les négociations qui se déroulent avec le monde de la santé et pour la mise en place d'une nouvelle politique de solidarité nationale.
Car pour François Chérèque, secrétaire général de cette organisation syndicale, qui signe une Tribune libre dans « Libération » du 5 mars, l'accès aux soins reste inégal et il faut faire cesser cette « hypocrisie » qui fait croire à beaucoup que le système français est réellement solidaire. « Quiconque doit recourir à notre système de soins, écrit François Chérèque, s'aperçoit vite que, malgré une égalité d'accès affichée, certains sont nettement moins égaux que d'autres. » D'où l'importance de privilégier la « généralisation à tous d'une couverture complémentaire », ce qui suppose, poursuit-il, « de lever l'obstacle financier qui empêche encore nombre d'assurés d'en bénéficier ». Reste à savoir comment ; et, dans ce domaine, le secrétaire général de la CFDT ne livre pas vraiment de recettes.
La généralisation d'une couverture complémentaire exige aussi qu'assurances privées et mutuelles aient des obligations comparables à celles de la Sécurité sociale. En particulier, il faudrait préserver « la non-sélection de risques » et interdire une « sélection déguisée des populations couvertes », mais, selon François Chérèque, il faut aller plus loin, et engager une réflexion sur « le contenu et le montant des prestations, les modes de relation avec les professions de santé ». L'objectif final est, bien entendu, « d'établir une garantie des soins utiles et efficaces pris en charge à 100 %». C'est dans ce cadre que les représentants des organismes complémentaires devraient participer aux discussions avec les professionnels de santé.
Pour le secrétaire général de la CFDT, qui estime que l'accord passé le 10 janvier entre les caisses et les syndicats médicaux « constitue les prémices des nouveaux rapports qui peuvent s'instaurer entre les financeurs, les professionnels et l'Etat », il convient de définir une « garantie de soins utiles et de qualité dont tout assuré serait sûr de bénéficier et dont le financement associerait régime obligatoire et complémentaire, dans une démarche de copaiement où chacun pourrait remplir son rôle .»
Que l'Etat, conclut François Chérèque, prenne ses responsabilités et soit l'auteur de la politique sanitaire. « Qu'il en confie la mise en scène à l'assurance-maladie en précisant la place des complémentaires. Afin que tous les acteurs se voient distribuer des rôles à leur juste mesure. »
C'est l'enjeu des réflexions de la mission Chadelat et des experts que consulte le gouvernement. Et c'est la difficulté de la réforme à mettre en place : elle nécessitera l'accord de l'ensemble des partenaires sociaux si on veut lui donner une chance de réussir. Le précédent de la réforme Juppé est là pour rappeler qu'en la matière il ne s'agit pas de passer en force. C'est dire l'importance de cette « tribune libre » que signe M. Chérèque.
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