UNE EQUIPE américaine annonce l'identification, au niveau d'un canal calcium, de l'anomalie génétique responsable du syndrome de Timothy, qui associe chez l'enfant des troubles du rythme sévères, une forme d'autisme et d'autres troubles.
Revenons quinze ans en arrière, en 1989. Cette année-là, le Dr Katherine W. Timothy, prend en charge un enfant atteint d'un syndrome encore jamais décrit, qui associe une arythmie cardiaque et une syndactylie des mains et des pieds. Pour essayer de comprendre ce syndrome, elle fait appel à Mark T. Keating, spécialiste des troubles du rythme. Mais l'enfant meurt rapidement ; les chercheurs ne peuvent donc pas explorer la maladie chez ce patient. « A cette époque, explique Keating, on savait seulement que l'on était en présence d'une arythmie sévère d'un type jamais vu auparavant. » D'autres enfants ont été auscultés par la suite ; on comprit qu'ils présentaient des problèmes associés : maladie cardiaque congénitale, hypoglycémie intermittente, troubles cognitifs, autisme. La recherche d'une cause génétique montra que l'anomalie n'était pas héréditaire (études familiales) mais sporadique. Finalement, l'équipe de Keating a découvert que, chez tous les patients testés, la cause du syndrome est la même : une mutation portant sur un seul nucléotide dans le canal calcium CaV1.2. « Ce canal était connu pour son rôle important dans l'excitation et la contraction cardiaques mais son rôle dans d'autres endroits du corps était moins clair », indique Keating. Des travaux chez l'homme et la souris montrent que ce gène est exprimé non seulement dans le muscle cardiaque mais aussi dans le tissu cérébral de l'adulte et du foetus, dans le tractus gastro-intestinal, les poumons, le système immunitaire, les muscles lisses et les testicules. En particulier, précise Keating, les études chez la souris montrent que le gène est présent dans des régions cérébrales qui sont le siège d'anomalies dans l'autisme. Des travaux sur des cultures cellulaires montrent que le canal muté ne réagit pas normalement pour bloquer l'afflux de calcium ; ce qui pourrait expliquer les arythmies cardiaques mortelles dans le syndrome de Timothy.
Les chercheurs espèrent que des médicaments bloquant ces canaux calcium pourraient réduire le risque d'arythmie et améliorer les fonctions cognitives.
« Cell » du 1er octobre 2004.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature