D ES réactions fébriles non hémolytiques surviennent dans au moins 30 % des cas après transfusion plaquettaire ; elles sont le plus souvent bénignes mais certaines peuvent être mortelles, du fait d'une lésion pulmonaire aiguë.
Il existe une association statistique entre les concentrations de cytokines dans le surnageant des concentrés plaquettaires et la survenue de ces réactions fébriles. Toutefois, le mécanisme sous-jacent n'est pas connu.
On sait que le ligand CD40 active certaines cellules : fibroblastes, cellules épithéliales et cellules endothéliales. L'arrivée du ligand à la surface de ces cellules induit la production de plusieurs cytokines pro-inflammatoires, notamment IL1, IL6, IL8 et entraîne l'expression de la COX-2 et la production de grandes quantités de PGE2 (prostaglandine E2), laquelle est un inducteur clé de la fièvre chez l'homme.
Le ligand CD40 plaquettaire
Or il se trouve que les plaquettes humaines contiennent du ligand CD40 préformé qui peut être exprimé à leur surface et même libéré lors de l'initiation du processus de cicatrisation. Une équipe de Rochester (Etats-Unis) a donc pensé que la réaction fébrile après transfusion plaquettaire pouvait être liée à un relargage de ligand CD40 pendant la collecte, la centrifugation et le stockage de plaquettes.
Dans un premier temps, elle a analysé neuf échantillons plaquettaires prélevées, préparés et conservés dans des conditions de routine ; le surnageant de tous les concentrés plaquettaires contenait des quantités substantielles de ligand CD40 soluble ; le filtrage plaquettaire ne permettait pas d'extraire ce ligand et, malgré un lavage soigneux, les plaquettes continuaient à en produire. Le taux de ligand était similaire à celui retrouvé chez l'homme dans les réactions inflammatoires chroniques.
Plus de la moitié des plaquettes exprimaient aussi le ligand à leur surface, ce qui montre qu'elle avaient été en partie activées.
Les chercheurs ont ensuite exposé des fibroblastes humains frais à du surnageant de concentrés plaquettaires en présence d'un anticorps neutralisant le ligand CD40 (h5C8). Résultat : l'anticorps annihile totalement l'induction de PGE2.
« Une forte concentration de ligand CD40 bioactif dans les concentrés plaquettaires, peut-être avec d'autres médiateurs, peut expliquer la persistance de réactions transfusionnelles même si les globules blancs sont retirés avant le stockage, estiment les auteurs. L'intensité de la réaction fébrile peut dépendre du taux de ligand CD40, de la sensibilité des patients à ce ligand et du fait qu'ils prennent des corticoïdes ou des AINS qui pourraient inhiber la production et l'activité de la cyclooxygénase et, donc, la production de prostaglandines. »
Si le rôle du ligand CD40 est confirmé, on peut imaginer des interventions pour réduire sa production au minimum et pour l'extraire des concentrés plaquettaires avant la transfusion ; cela afin de réduire les réactions fébriles. De plus, les sujets dont les plaquettes sont spécialement riches en ligand CD40 pourraient être exclus du don de plaquettes.
Richard Phipps et coll. The Lancet » du 23 juin 2001, pp. 2023-2024.
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