LE SOLEIL à petite dose fait du bien, mais il ne faut pas en abuser. Ses rayons ultraviolets A et B sont responsables de coups de soleil, d'une baisse des défenses immunitaires, du photovieillissement de la peau et ils contribuent au risque d'apparition des cancers de la peau. La couche cornée, la plus externe du revêtement cutané, représente une barrière entre le corps et l'environnement.
Une équipe de chercheurs belges vient de découvrir que la caspase 14, dont la fonction restait jusqu'ici inconnue, joue un rôle clé dans la formation de cette barrière cutanée et protège contre les photolésions induites par le rayonnement ultraviolet B (UVB). Les caspases représentent une famille conservée de protéinases, qui interviennent dans les réactions inflammatoires et l'apoptose.
Seulement au niveau de l'épiderme.
Au cours des dix dernières années, le groupe de Peter Vandenabee a pu cloner 9 caspases chez la souris. A la différence des autres caspases, la caspase 14 est exprimée uniquement au niveau de l'épiderme (et des follicules pileux). Elle est activée durant la formation de la couche cornée, ce qui suggérait qu'elle joue un rôle dans la différenciation terminale des kératinocytes, ou dans la formation des cornéocytes (une forme spécialisée de mort cellulaire qui ne fait pas intervenir les caspases apoptotiques classiques), les cellules mortes qui desquament.
Afin d'élucider la fonction de la caspase 14, Denecker et coll. ont développé une souris mutante incapable de produire la caspase 14. Les rongeurs déficients en cette enzyme ne montrent aucune anomalie, à l'exception d'une peau brillante et lichénifiée, signe que la composition de leur épiderme est altérée. Cet épiderme est caractérisé par un trouble de la dégradation de la profilagrine en filagrine, une protéine qui joue un rôle majeur en maintenant la structure de la peau (en aidant à former les faisceaux macrofibrillaires de kératine) et son hydratation (car elle est dégradée en acides aminés libres qui contribuent aux facteurs hydratants de l'épiderme). Les chercheurs montrent in vitro que la caspase 14 recombinante clive directement la profilagrine.
Ainsi, l'épiderme des souris mutantes est caractérisé par une déshydratation cutanée et une évaporation d'eau accentuée. Plus important encore, leur peau se révèle extrêmement sensible au rayonnement UVB, montrant davantage d'altérations de l'ADN et une apoptose accrue lorsqu'elle est soumise au rayonnement UVB.
Pour éviter les coups de soleil et le vieillissement.
Les chercheurs ont ainsi découvert que la caspase 14 gouverne également la capacité d'épuration des UVB de la couche cornée. «Nos résultats indiquent que la couche cornée forme, à côté de la mélanine, une protection importante contre les effets délétères du rayonnement UV», souligne auprès du « Quotidien » le Dr Wim Declercq, de l'université de Gand (Belgique), qui a supervisé ce travail avec le Dr Peter Vandenabee. «La recherche des molécules régulant la caspase14 pourrait être importante pour les industries pharmaceutiques ou cosmétologiques qui souhaitent identifier des approches visant à prévenir les coups de soleil et le vieillissement de la peau», fait-il entrevoir.
Les chercheurs envisagent maintenant d'étudier comment les souris déficientes en caspase 14 répondent aux UVA.
« Nature Cell Biology », 21 mai 2007, Denecker et coll., DOI : 10.1038/ncb1597.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature