DE NOTRE CORRESPONDANT
PRÉSENTÉE COMME « le plus grand projet de télématique médicale au monde », la nouvelle carte santé électronique allemande doit être distribuée progressivement à partir de janvier 2006 à tous les habitants du pays. Sa mise en place représente un investissement initial de 1,7 milliard d'euros. Mais à quinze mois de son lancement, les professionnels de santé et les caisses s'opposent toujours sur le contenu exact de la carte, ce qui risque de retarder le début des opérations.
Ressemblant à une carte de crédit et complétée par la photo de chaque assuré, la nouvelle carte comportera des informations obligatoires et d'autres à caractère facultatif. Les données obligatoires concernent la situation du patient vis-à-vis de l'assurance-maladie (cotisations à jour, exonération des tickets modérateurs, etc.). Elles permettent de remplacer les ordonnances manuelles par des ordonnances électroniques et comportent toutes les informations nécessaires aux remboursements dans les pays étrangers, en incluant les données de la « carte européenne de santé ».
L'accord du patient.
En outre, si le patient le permet, la carte contient les principaux aspects de son dossier médical. L'assuré, en accord avec les professionnels qui le suivent (médecins, dentistes, pharmaciens, hôpitaux et autres intervenants), décide lui-même quelles informations médicales peuvent être enregistrées sur la carte et celles qui ne doivent pas y figurer ; la carte n'est bien sûr lisible que par les professionnels de santé directement concernés.
Toutefois, les médecins et les pharmaciens d'une part, et les caisses d'autre part, s'affrontent encore sur le contenu exact des informations qui pourront être enregistrées, mais aussi et surtout sur leur utilisation. Les caisses souhaitent avoir accès à un certain nombre d'informations à caractère médical, concernant notamment les prescriptions pharmaceutiques, alors que les pharmaciens et les médecins, considérant ces données de leur seul ressort, estiment qu'elles n'ont pas à leur être transmises.
Les professionnels de santé et les caisses avaient jusqu'au 1er octobre dernier pour trouver un accord. Cette date est maintenant dépassée de deux semaines : même si le gouvernement persiste à dire que cette polémique ne remet pas en cause le lancement de la carte en janvier 2006, de nombreux spécialistes estiment que le délai ne pourra pas être tenu. En outre, plusieurs enquêtes effectuées ces dernières semaines par les organisations régionales de médecins font apparaître des problèmes imprévus, comme la vétusté de bon nombre d'équipements informatiques de médecins libéraux, qui risquent de ne pas pouvoir utiliser la carte. Autre écueil : les médecins vont être appelés à effectuer eux-mêmes certaines opérations « administratives », comme se « loguer » à chaque nouveau patient, ou remplir les formulaires électroniques : ils y voient une perte de temps et refusent que ces tâches ne soient pas rémunérées.
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