EN FRANCE, plus de 3 millions de patients sont traités au long cours par des antiagrégants plaquettaires oraux (AAP). La question de l’opportunité d’interrompre le traitement le temps d’une intervention chirurgicale, d’une exploration endoscopique ou de soins dentaires, se pose donc de plus en plus souvent. La réponse souvent nuancée n’est pas toujours simple, en raison de la diversité du profil des patients et du manque d’information relatif aux circonstances de prescription, comme le soulignent généralistes et spécialistes dans une enquête de la Société d’athérothrombose.
Il n’existe pas de données prospectives comparant une cohorte de patients coronariens stables ayant arrêté les AAP à une cohorte de patients les ayant maintenus dans le cadre d’une intervention chirurgicale programmée. Les choses changent puisqu’une étude de grande envergure STRATAGEM (stratégie de gestion périopératoire des traitements antiplaquettaires en chirurgie non coronaire) ayant reçu l’accord du comité d’éthique est en cours.
On sait cependant que 5 % des hospitalisations pour syndrome coronaire aigu sont liées à un arrêt d’AAP (dans les onze jours), non justifié dans deux tiers des cas. Dans une série, les patients ayant une récidive d’accident vasculaire cérébral ischémique sont 3,5 fois plus susceptibles d’avoir arrêté leur traitement par aspirine. Une intervention chirurgicale effectuée moins d’un mois après revascularisation coronaire par angioplastie avec endoprothèse, ayant justifié un arrêt temporaire des AAP, est associée à un risque de décès par thrombose sur stent qui atteint 25 %.
C’est le risque hémorragique lié au maintien des AAP qui a toujours prévalu dans les décisions ; pourtant, chez les coronariens stables, il ne met pas en jeu le pronostic vital.
Médecine et chirurgie buccale.
La Société francophone de médecine et chirurgie buccale a d’ores et déjà émis des recommandations considérant que la poursuite des AAP est envisageable dans la majorité des cas moyennant précautions d’hémostase et surveillance postopératoire. La carte de liaison AAP, créée sur un constat de manque par l’équipe pluridisciplinaire du projet Agora de médecins anesthésistes-réanimateurs de Rennes, a été testée par 95 praticiens de la région Ouest qui ont estimé que la carte facilite la gestion périopératoire et favoriserait la reprise du traitement en postopératoire. Elle pourrait à terme être intégrée au dossier médical personnalisé, le risque étant évidemment qu’elle reste dans un tiroir, mais les concepteurs sont confiants...
Paris, conférence de presse organisée par Sanofi-Aventis BMS.
Avec le Pr G. Montalescot (institut athérothrombose), les Drs P. Priollet (collège français de pathologie vasculaire, Paris), J.-P. Collet (Paris), D. Blanchard et H. Le Hétêt (Rennes).
Recto verso
– Le recto de la carte (format carte bancaire), à remplir par le praticien, comporte l’identité du patient et du médecin traitant, ainsi que celle du prescripteur initial d’AAP (avec téléphone).
Le motif de prescription est indiqué (case à cocher) ; en cas de stent, des précisions sont apportées : siège, stent actif ou non, date d’implantation.
– Le verso comporte plusieurs rappels : présentation systématique de la carte à tout soignant (la prise d’AVK doit être signalée), ne pas modifier ou interrompre le traitement APP sans l’avis du cardiologue.
– La carte est insérée dans un livret : « Vous êtes traité par un AAP, cette information vous concerne » exposant les mécanismes de thrombose, la nécessité d’observance du traitement et d’être porteur de la carte.
Le document va être prochainement distribué aux prescripteurs par la visite médicale Sanofi Aventis-BMS.
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