Trois mois après la promulgation de la loi de réforme des retraites, la CARMF, présidée par le Dr Gérard Maudrux (photo) s’est penchée sur ses conséquences pour les médecins libéraux. Pour le régime de base, qui représente 19 % du montant de la pension (soit 495 euros par mois en moyenne), c’est la loi qui s’applique. Autrement dit, à terme la liquidation de la pension ne pourra se faire qu’à partir de 62 ans à condition d’avoir le nombre de trimestres requis. La mise en œuvre de ce recul de l’âge légal va s’effectuer progressivement : pour les personnes nées après le 1er juillet 1951, il faudra ainsi atteindre 60 ans et quatre mois et avoir validé 163 trimestres. L’autre borne, celle du taux plein passera progressivement à 67 ans à partir de 2016, toujours pour le régime de base. Entre 65 et 67 ans, les médecins subiront donc une petite décote.
Comme les partenaires sociaux en ce moment pour les retraites complémentaires des salariés, la CARMF a étudié lors de la dernière séance de son conseil d’administration le 22 janvier dernier les conséquences de la réforme pour les deux autres régimes de la retraite des médecins, où elle a les mains libres. « Pour les régimes complémentaires (42% du montant de la pension, ndlr) et l’ASV (39% du montant de la pension), le conseil d’administration a décidé à contrecœur de porter l’âge minimum de liquidation à 62 ans, en raison d’interactions entre le régime de base, le régime d’invalidité et le cumul emploi retraite » a fait savoir la CARMF dans un communiqué jeudi soir. Il est vrai que rares sont les médecins libéraux qui font valoir leur droit à la retraite dès 60 ans, d’autant que l’augmentation progressive du nombre de trimestre requis aurait rendu cette possibilité d’autant plus dissuasive.
En revanche, et c’est une relative surprise, car elle ne s’était pas encore exprimée, la CARMF « reste fermement attachée à l’âge de 65 ans » en ce qui concerne le taux plein. C’est en effet, cette caisse qui pilote le régime complémentaire depuis l’origine avec un taux plein à 65 ans et qui reste pour l’heure à l’équilibre. « Ce régime n'a pas de problème sur le long terme, et l'alignement sur le régime général, dont les paramètres sont différents, serait inutile et injuste compte tenu des efforts déjà faits par les affiliés » fait valoir la CARMF. Dans un système par point, le problème de l’âge de départ ne se pose pas dans les mêmes conditions. Les médecins devraient donc être libres de choisir leur âge de départ en fonction de ce qu’ils souhaitent comme montant de pension. À noter aussi que du coup, l’âge à partir duquel les médecins peuvent cumuler activité et retraite, un dispositif financièrement très avantageux, reste également 65 ans. Pour le gouvernement, c’est aussi une manière de maintenir dans l’exercice un contingent de médecins en attendant le renouvellement des générations.
La CARMF entend aussi, en bonne logique, s’opposer au relèvement à 67 ans de l’âge de l’ASV, alors qu’un amendement au dernier PLFSS, finalement repoussé, envisageait cette possibilité. « La surcharge de travail au cours de la vie active, avec 55 heures hebdomadaires, sans heures supplémentaires, RTT ou repos compensateur, fait de la médecine la profession la plus sollicitée du pays, souligne la CARMF. Cette pénibilité, sans aucune compensation pendant la vie active, mérite que l'on soit ferme sur l'âge de départ en retraite, surtout à l'heure où certains, bénéficiant des 35 heures et des avantages précédemment cités, partent encore à 50 ou 55 ans ». Ces orientations ne sont pas encore totalement définitives car la CARMF souhaite encore consulter la profession.
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