La déficience en iode représente, avec les déficiences en fer et en vitamine A, l'une des carences en micronutriments les plus répandues dans le monde. Elle constitue la première cause d'arriération mentale dans la population infantile mondiale : le manque d'iode est en effet responsable d'un dysfonctionnement thyroïdien, nuisible au développement physique et intellectuel de l'enfant, et à l'origine d'anomalies neurologiques souvent irréversibles.
Plus de 2,2 milliards d'individus vivent dans un environnement déficitaire en iode et la prévalence dans la population mondiale des goitres thyroïdiens (aspect le plus objectivable de la carence en iode) est estimée à 12,6 %. Les foyers principaux de carence sont la Chine continentale, l'Indonésie, les régions de l'Himalaya, les Andes et la majeure partie de l'Afrique. En Suisse, malgré la mise en place dès 1992 de programmes de prévention par l'ajout d'iode dans le sel (l'une des rares denrées alimentaires consommée par tous), une large part de la population adulte reste exposée à une déficience légère ou modérée.
L'enrichissement du sel depuis 1952
La France n'échappe pas au problème : même s'il a été permis d'enrichir le sel alimentaire en iode dès 1952 - à raison de 10-15 mg d'iodure de sodium par kilo de sel -, on observe encore au sein de certaines populations une déficience modérée ou légère.
Les régions françaises les plus touchées
La concentration urinaire en iode étant considérée comme un bon indicateur du statut en iode d'un individu, différentes études épidémiologiques françaises (dont Suvimax) montrent que la médiane des concentrations urinaires de la population adulte est de 8,2 µg/100 ml pour les femmes et de 8,5 µg/100 ml pour les hommes, alors que la norme est d'au moins 10 µg/100 ml. Ces résultats témoignent d'une carence iodée modérée, susceptible d'entraîner une stimulation anormale de la fonction et de la croissance thyroïdienne pendant la grossesse et d'une carence en iode chez le nourrisson.
Il faut savoir que la déficience en iode est variable d'une région à l'autre et que le risque augmente selon un gradient ouest-est, les régions le plus exposées étant le Massif Central, le nord-est de la France, les régions alpines.
La fréquence des carences est liée, en partie, au fait que peu d'aliments sont riches en iode, excepté ceux d'origine marine (poissons, mollusques, algues).
Pourtant, dans les pays industrialisés, les premières sources alimentaires d'iode sont le lait et les produits laitiers. Leur teneur en iode provient de la généralisation des compléments minéraux dans l'élevage et de l'utilisation d'additifs riches en iode.
Une réactualisation des recommandations
Cette situation a conduit les autorités françaises (avis AFSSA, 31 juillet 2002) à une « réactualisation » des recommandations, portant le taux d'enrichissement entre 15-20 mg/kg et à un élargissement de l'utilisation du sel iodé à la restauration collective et hors foyer. L'actualisation était d'autant plus utile que, depuis 1952, les habitudes alimentaires s'étaient modifiées avec le développement de la restauration hors foyer et la baisse de la consommation du sel alimentaire découlant des campagnes d'information sur les risques liés à l'hypertension artérielle. L'objectif de cette supplémentation iodée est d'arriver à un iode urinaire médian au sein d'une population d'adultes ou d'enfants en âge scolaire situé entre 10 et 20 µg/ml (chiffres OMS), pour protéger les sujets susceptibles d'avoir des conséquences cliniques sans toutefois exposer l'ensemble de la population à une surcharge chronique en iode.
Institut français pour la nutrition (IFN) : conférence de P. Valeix, à propos de la parution du dossier scientifique IFN n° 13 consacré à l'iode (août 2003), décrivant en détail la nutrition iodée dans le monde et en France.
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