MISE AU POINT en 2000, la capsule vidéoendoscopique est une technique d'exploration de l'intestin grêle qui a fait rapidement l'objet d'un engouement important dans la communauté des gastro-entérologues. Il faut dire qu'il s'agissait là d'une endoscopie d'un genre très nouveau où la caméra et la source lumineuse, insérées dans une grosse « gélule » avalée par le patient, offrait pour la première fois la possibilité d'observer des territoires digestifs très difficiles d'accès, comme l'intestin grêle. Depuis les expérimentations initiales de Paul Swain au Royaume-Uni et les premières publications, les avantages et les inconvénients du procédé se sont progressivement dessinés.
Le champ diagnostique est élargi.
A l'heure actuelle, la première indication validée est celle des saignements digestifs chroniques obscurs, c'est-à-dire de cause inexpliquée, extériorisés (rectorragie, méléna), ou non (présence de sang dans les selles, anémie ferriprive). De nombreux travaux ont en effet attesté de l'utilité de la capsule dans ces situations, provenant d'équipes françaises (G. Gay et M. Delvaux à Nancy, C. Florent à Paris et J.-C. Saurin à Lyon), européenne (C. Ell en Allemagne) et américaine (B. Lewis à New York). Ce type d'explorations élargit de fait le champ diagnostique d'environ 20 à 30 % par rapport à l'entéroscopie. Les lésions visualisées sont le plus souvent des malformations artérioveineuses et, dans au moins 7 % des cas, des tumeurs digestives. La deuxième indication validée est celle de la mise en évidence des lésions liées à la prise d'anti-inflammatoires. Par ailleurs, deux autres pôles suscitent de plus en plus d'intérêt : la maladie de Crohn, lorsque les autres examens morphologiques sont négatifs et qu'une exploration de l'intestin grêle apparaît nécessaire, et le suivi de la maladie coeliaque.
Certains aspects sont toutefois encore débattus, tel celui de la nécessité d'une préparation. En France, les malades sont habituellement préparés comme pour une coloscopie. Il faut en outre interdire l'absorption de fer au cours des huit jours précédents. L'interprétation des images n'est, de plus, pas aussi simple qu'on avait pu le croire au début et nécessite un spécialiste confirmé, ayant de solides connaissances en endoscopie.
Visualisation possible de l'oesophage et des sténoses.
Parmi les améliorations récentes, il faut signaler l'augmentation de l'autonomie qui peut atteindre neuf heures avec les nouvelles batteries, la mise au point d'une capsule à double capteur pour l'examen de l'oesophage (Eliakim, Israël) et celle d'une capsule biodégradable qui, lorsqu'elle est bloquée par une sténose, permet le repérage de celle-ci avant de se déliter. Les sténoses demeurent en effet la seule contre-indication et, jusqu'à présent, seul l'interrogatoire du patient à la recherche de signes d'occlusion était à même d'en prédire l'existence. Enfin, la sensibilité à la coloration rouge pourrait faciliter la détection rapide des zones de saignements.
En dehors des indications reconnues, de futurs progrès techniques et les résultats des nombreux essais en cours devraient donc, dans les années à venir, accroître l'étendue des domaines d'intérêt de la capsule vidéoendoscopique. Les résultats des évaluations à long terme, comme celle menée par G. Gay et M. Delvaux à Nancy, permettront également d'estimer le bénéfice obtenu, aussi bien médical qu'économique.
D'après un entretien avec le Pr Gérard Gay, CHU de Nancy.
Le point sur la technique a été fait récemment à la 3rd International Conference on Capsule Endoscopy, Miami.
Il sera également question de la capsule vidéoendoscopique aux 28es Journées francophones de pathologie digestive, Paris, 3-7 avril 2004 .
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