DEUX SONDAGES, cette semaine, accordent la première place au premier tour à Nicolas Sarkozy : l’IFOP situe le président à deux points de plus que M. Hollande 28,5 % contre 26,5 %. Dans l’enquête de l’IFOP pour Paris-Match, Marine Le Pen recueille 15,5 % des intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon 13, François Bayrou 12. Une autre enquête, celle de Harris Interactive, donne M. Sarkozy en tête avec 28 % des intentions de vote, et seulement un point d’avance sur M. Hollande ( Marine Le Pen 16, Mélenchon 13, Bayrou 11). Un sondage IPSOS situe M. Hollande à 28, M. Sarkozy à 27,5, Le Pen à 16, Mélenchon à 13, Bayrou à 11,5. Dans les trois sondages, M. Hollande l’emporte contre M. Sarkozy mais avec une avance moindre que la semaine dernière : 53,5/46,5 dans le sondage IFOP.
L’influence des crimes terroristes.
En dépit des nombreux commentaires qui, depuis trois jours, insistent sur un retour à la normale de la campagne et sur l’effet nul des actes terroristes du mois de mars, les crimes de Mohamed Merah ont donc eu une influence sur les intentions de vote, les électeurs ayant peut-être éprouvé le sentiment que le chef de l’État s’était montré rassurant, digne et présidentiel. Cependant, la percée de M. Mélenchon n’est pas un phénomène négligeable ; elle se fait au détriment du candidat socialiste et introduit dans la campagne un élément d’inquiétude qui concerne les deux tours. Le candidat du Front de gauche est satisfait de s’être emparé de la position du « troisième homme » ; mais il ne sera pas le premier et, dans ces conditions, il doit se demander s’il ne joue pas le rôle de Jean-Pierre Chevènement en 2002. Le candidat Chevènement avait alors obtenu un pourcentage de suffrages suffisant pour mettre Lionel Jospin hors jeu dès le premier tour. Ce risque est à peu près inexistant cette année. Il demeure que les courbes se sont bel et bien croisées, comme l’annonçait l’UMP il y a deux ou trois semaines, et que, si M. Sarkozy a regagné en un mois trois points au premier tour et quatre au second, il a le droit d’envisager un croisement des courbes au second tour.
L’affaire Merah conserve son influence parce que l’onde de choc qu’elle a causée se propage encore. Le père du tueur, qui vit en Algérie et, apparemment, ne s’est guère intéressé à ses enfants jusqu’à présent, a menacé de porter plainte contre la France, ce qui a soulevé la fureur de quelques ministres, notamment Claude Guéant et Alain Juppé, qui lui a conseillé de se taire. Pendant ce temps, le parti communiste français, avec un sens aigu de la communication, affirmait, dans un communiqué qu’on « peut peut-être comprendre le père » de l’assassin d’enfants. De sorte que, dix jours après la tuerie de Toulouse, l’opinion a eu droit à de multiples écarts verbaux, depuis l’enseignante qui voulait une minute de silence à la mémoire du tueur jusqu’aux candidats qui ont annoncé une trêve dans la campagne sans la respecter le moins du monde, en passant par ceux qui ont tenté de récupérer à leur avantage la leçon de tous ces crimes. D’autant que Merah a envoyé par la poste à un média qui pourrait être Al Djazira une clé USB contenant la video de ses forfaits. Les familles des victimes et le gouvernement ont demandé que ce film ne soit pas diffusé, tandis que les services de police tentent frénétiquement de retrouver l’homme ou la femme qui a envoyé le document à partir d’un bureau de poste situé à quelques dizaines de kilomètres de Toulouse.
On est bel et bien dans le prolongement de l’horreur. Au crime atroce s’ajoute le cynisme de la chaîne de télévision Al Djazira qui se tâtait mardi pour savoir si elle diffuserait la video, bien que le contenu en soit insupportable. Une telle complaisance pour une des formes les plus répugnantes du voyeurisme collectif donne la mesure des scories innombrables qui s’ajoutent aux effets ravageurs du terrorisme. On a enterré l’affaire un peu vite. Une nouvelle chasse à l’homme est lancée pour trouver les complices de Merah. Les dérapages verbaux, dans les camps des candidats, vont se multiplier. Aux candidats de garder leur sang-froid.
ON A ENTERRÉ UN PEU VITE L’AFFAIRE MERAH
Hollande, Sarkozy, Mélenchon : le troisième pourrait orienter le destin de l’un des deux autres
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