JACQUES CHIRAC a appelé récemment à une mobilisation générale pour l'emploi. Les expériences passées ont montré combien un gouvernement est impuissant pour réduire le taux de chômage. Cette impuissance est telle qu'on en vient parfois à inventer des remèdes pires que le mal.
Le cas des intérimaires.
La crise a plongé dans le chômage des centaines de milliers de salariés qui avaient un contrat intérimaire. Ils sont les premières victimes d'une contraction de l'économie. Jusqu'à présent, la loi interdit à un employeur de multiplier à l'infini et pour la même personne les contrats à durée déterminée (CDD). Si une personne est utile à l'entreprise pendant plusieurs mois, elle doit finir par obtenir un contrat à durée indéterminée (CDI).
Suggéré dans les sphères gouvernementales, le « contrat de mission » n'est autre qu'une sorte de super CDI. L'embauche d'une personne serait liée à la durée de la « mission », au terme de laquelle la même personne devrait quitter l'entreprise.
Cinq ans de précarité.
Le contrat de mission pouvait avoir une durée allant jusqu'à cinq ans. C'est-à-dire que, après avoir fait ses preuves et mené à bien un projet, l'employé se retrouverait sans perspective. Inutile de dire que son statut, même pendant les années de son contrat, serait éminemment précaire. Il ne pourrait pas s'engager dans l'achat d'un logement. Il n'envisagerait pas de cotiser durablement à sa retraite. Les banques ne lui accorderaient aucun crédit.
Qu'au nom de la souplesse de l'emploi le patronat ait pu trouver cette idée justicieuse ne doit pas faire oublier que le libéralisme économique n'a de sens que s'il est équitable.
Or on assiste depuis près de vingt ans à un comportement des entreprises qui tournent le dos à ce qu'elles-mêmes appellent les ressources humaines. Les fusions et absorptions d'entreprises sont des mécaniques destinées à réduire la masse salariale. En France, plus particulièrement, la tactique des employeurs est de renvoyer à l'Etat tous les salariés qu'ils jugent en surnombre.
Cette sorte de gestion est à la fois antisociale et antiéconomique : à force de licencier, les entreprises finiront par perdre leur clientèle ; et à force de charger la barque du filet social, ils la feront couler.
Selon un sondage BVA, 53 % des Français sont hostiles aux contrats de mission. Trente pour cent pensent néanmoins qu'il faut à tout prix créer des emplois, quel qu'en soit le type. Il est vrai qu'il est préférable d'avoir un emploi pendant un an que d'être chômeur pendant un an. Mais il ne faut pas non plus que la précarité et l'intérim deviennent la norme, et l'emploi définitif, l'exception. Quand on insiste sur la diminution des charges des entreprises, c'est dans l'espoir qu'elles embaucheront. Une entreprise comprend toujours des risques pour l'employeur : c'est son travail d'en prendre : il risque gros et peut gagner gros. L'employé ne peut que toucher un salaire. Il n'a pas à prendre de risques dès lors qu'il n'a pas la possibilité de s'enrichir.
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