LA COMPRESSION est fondamentale dans le traitement de l’insuffisance veineuse chronique et dans la prise en charge du lymphoedème. Elle est aussi l’un des axes majeurs de la prévention et du traitement curatif des thromboses veineuses des membres inférieurs. En prévention, la compression veineuse peut être utilisée seule ou en complément d’un traitement antithrombotique, en fonction de la pathologie et du niveau de risque du patient. Lors d’un traitement curatif, la compression élastique réduit de 50 % l’incidence du syndrome postthrombotique. Dans la pratique courante, on constate que la compression élastique n’est souvent pas utilisée à sa juste valeur, principalement par méconnaissance de ses principes de base ou par mauvaise application des classes de compression.
Cinq effets majeurs.
La compression veineuse élastique a cinq effets majeurs sur lesquels reposent les indications thérapeutiques : effet antalgique, effet anti-oedème veineux, effet aponévrose, effet antireflux et effet compressif local. La classe de compression et le niveau de pression à exercer localement au niveau des membres inférieurs peuvent varier selon les indications veineuses et peuvent aller de 10 mmHg (classe I de la classification Ceap*) à plus de 40 mmHg (classe IV). Le choix du niveau de pression doit prendre en compte la maladie, le patient et l’objectif à atteindre. Les différents niveaux de pression sont indiqués dans le tableau ci-contre en fonction des principales indications veineuses.
Dans certains cas particuliers (comme les suites immédiates de chirurgie des varices ou sclérothérapie, le traitement des malformations veineuses, artérioveineuses ou fistules), le niveau de pression appliqué dépendra de la clinique et des objectifs et pourra aller d’une classe I à une classe IV.
Dans tous les cas, l’efficacité clinique de la compression doit être contrôlée et réévaluée. Si l’observance est insuffisante, la classe de pression appliquée pourra être réduite de façon temporaire ou définitive. Si l’efficacité clinique est insuffisante, soit on passe à une classe supérieure, soit on utilise de façon ponctuelle des moyens pour renforcer la pression (comme l’utilisation de coussinets en mousse, par exemple) ou bien un traitement par bandages multi-couches. Ces principes doivent bien sur être associés à une éducation du patient : technique de pose des bas de contention, importance des mesures associées comme la marche régulière. De plus, des progrès en matière de réglementation restent encore à faire. On sait en effet que les contraintes réglementaires imposent que les bandes soient testées sur jambe mannequin (jambe de Hohenstein), qui reproduit mal l’anatomie de la jambe humaine et limite les essais cliniques.
D’après un entretien avec le Pr Isabelle Quéré, service de médecine interne et maladies vasculaires, CHU de Montpellier.
* Clinique, étiologie, anatomie, physiopathologie
INDICATIONS | CLASSES DE COMPRESSION : niveau de pression indiqué en mmHg (classification Ceap*) |
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A. Prévention et traitement des troubles trophiques veineux des membres inférieurs (syndrome post-thrombotique, insuffisance valvulaire profonde, dermo-hypodermite, ulcère de jambe) | 20-36 mmHg (classe III) | |
B. Traitement symptomatique de l’insuffisance veineuse superficielle | 15-20 mmHg (classe II) Compression utilisée seule ou en complément de la chirurgie ou sclérothérapie | |
C1 - Prévention et traitement de la stase veineuse des membres inférieurs Situation chronique | a) Prévention et traitement de la distension veineuse lors de la grossesse et du postpartum. Traitement symptomatique des défaillances de la pompe surale (paralysie, immobilisation ou traumatisme, affections ostéoarticulaires, amyotrophie). | 15-20 mmHg (classe II) voire 20-36 mmHg (classe III) en cas de grossesse |
b) Traitement symptomatique de l’insuffisance veineuse fonctionnelle, de l’oedème postural ou vespéral, par défaut d’activité soit chez des sujets exposés à la stase (travail posté en position debout ou assise prolongée, sujets âgés peu mobiles…), soit du fait des circonstances (voyage aérien de longue durée...) | 15-20 mmHg (classe II) ou 10-15 mmHg (classe I) en fonction de la sévérité clinique | |
C2 - Prévention et traitement de la stase veineuse des membres inférieurs Situation aiguë | a) Prévention de la maladie thromboembolique veineuse en chirurgie, en obstétrique ou chez les hospitalisés médicaux en situation critique | 10-15 mmHg (classe I) Compression utilisée seule si niveau de risque faible ou en complément du traitement antithrombotique si niveau de risque modéré ou élevé |
b) Traitement de la thrombose veineuse profonde (phase aiguë et secondaire) Traitement symptomatique de la thrombose veineuse superficielle | 20-36 mmHg (classe III) ou 15-20 mmHg (classe II) – Compression associée aux antithrombotiques dans la TVP des membres inférieurs – Seule ou associée à un traitement antithrombotique dans la TVS | |
Classes de compression préconisées en fonction de l’indication |
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