La thérapie moléculaire, face à un cancer bronchique, vise trois grands axes thérapeutiques :
- Les traitements ciblant les récepteurs
• Les anticorps anti-EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) C225 et ZD 1839. Cette année, l'approche du carcinome bronchique non à petites cellules (CBNPC) a été marquée par le développement de modulateurs de la transduction du signal.
Le C225 est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre le récepteur à l'EGF (exprimé dans 60 à 80 % des CBNPC). Les essais sur des modèles de tumeurs humaines greffées sur la souris ont montré que le c225 est capable d'inhiber la prolifération cellulaire ainsi que les phénomènes d'angiogenèse et donc de métastase. Cet anticorps semble agir en synergie avec les rayons X : des guérisons ont été obtenues chez la souris par l'association de l'anticorps avec la radiothérapie. Des résultats de phase I sont notés dans des essais humains depuis deux ans dans le cadre de cancers ORL et la voie est engagée dans les cancers bronchiques localement avancés.
Le ZD1839 (Iressa) est un inhibiteur du site tyrosine kinase du récepteur à l'EGF. Un essai de phase I chez 60 patients a montré des résultats, avec des stabilisations significatives (au-delà de 4 mois). Une étude de phase III internationale est en cours.
• L'herceptin (anticorps anti-HER2Neu) : il cible un gène surexprimé dans 25 à 30 % des adénocarcinomes mammaires, où son efficacité est montrée. Comme le gène est également surexprimé chez 30 % des CBNPC, une étude de phase II a été menée, incluant 56 patients, en associant le produit à une chimiothérapie (carboplatine, paclitaxel) ; les résultats sont suffisants pour montrer la nécessité d'une étude de phase III.
- Les inhibiteurs de l'angiogenèse
• Le RhuMab VEGF, anticorps monoclonal humain dirigé contre le VEGF (Vascular Endothelial Growth factor), impliqué dans les phénomènes de métastases. Un essai de phase II a évalué cet anticorps dans les CBNPC de stade IIIB/IV en association à la chimiothérapie. Le temps jusqu'à progression est significativement augmenté dans le groupe avec la plus forte dose d'anti-VEGF. Un essai de phase III multicentrique est engagé pour évaluer plus précisément sur un grand nombre de cas s'il existe un bénéfice significatif de l'adjonction de l'anticorps.
• Les inhibiteurs synthétiques des métalloprotéases matricielles (MMP). Les MMP contribuent à la survie et à la prolifération des cellules et les inhibiteurs sont étudiés dans la prévention des métastases. Certains se sont montrés efficaces dans la prévention de tumeurs expérimentales.
- La thérapie génique
Les découvertes récentes portant sur les oncogènes et les gènes suppresseurs de tumeurs ont indiqué cette voie. Elle propose soit l'insertion de gènes suppresseurs de tumeur, capables de restaurer l'apoptose des cellules cancéreuses, soit une thérapie par gène suicide ou une immunothérapie sélective. Ces stratégies sont en cours d'évaluation dans le cancer bronchique. Notamment en ce qui concerne le gène p53, muté dans 50 % des CBNPC et dans 80 % des CPC. On tente de restaurer une activité p53 normale en utilisant un adénovirus pour transférer le gène normal sur le site tumoral. L'adénovirus est également utilisé pour induire une immunothérapie génique en introduisant des gènes de cytokine. Des résultats encourageants d'essais de phase I ont été récemment rapportés.
Communication de M. C.Pailler et J. F.Morère (service d'oncologie médicale, CHU d'Avicenne, Bobigny).
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