DE JUIN 2003 à mai 2004, 47 patients hospitalisés, pour plus ou moins de vingt-quatre heures, dans le service d'hépato-entérologie de l'hôpital d'Evry, et qui présentaient une cirrhose associée à une ascite, ont été inclus dans une étude. Elle avait pour objet de préciser l'intérêt de l'utilisation de bandelettes de diagnostic (type Multistix [R] urinaire) dans le diagnostic des infections spontanées du liquide intrapéritonéale. La technique, fondée sur une recherche de l'activité estérasique des polynucléaires neutrophiles, est en effet déjà couramment utilisée pour le diagnostic des infections de liquide d'ascite (ILA), mais on n'en connaissait pas précisément jusqu'à présent le niveau de sensibilité et de spécificité.
Dans ce nouveau travail, dès l'admission, une ponction d'ascite a été réalisée et une bandelette urinaire Multistix (R) 8SG (Bayer Pharma) était immergée dans le liquide d'ascite. La bandelette était considérée soit comme négative, soit comme positive (4 niveaux de positivité) par une double lecture visuelle et automatique. Si l'examen biologique du liquide retrouvait plus de 250 polynucléaires par millimètre cube, une nouvelle ponction de contrôle était réalisée 48 heures plus tard (analyse biologique et immersion d'une bandelette urinaire).
Sur les 47 patients (27 hommes et 20 femmes, âge moyen 61 ans), 6 malades (13 %) répondaient aux critères cytologiques d'infection de liquide d'ascite (ILA PNN > 250/mm3) : cinq d'entre eux étaient atteints de cirrhose alcoolique et un de cirrhose biliaire primitive. Pour l'une de ces malades, le diagnostic d'ILA nosocomiale a été retenu puisque le scanner et l'échographie abdominale ont permis d'écarter une péritonite secondaire. La lecture automatisée de la bandelette urinaire chez les 6 patients ayant présenté une infection et dans les trois ponctions de contrôle ne montrait pas de discordance avec la lecture visuelle.
Fièvre et/ou douleurs abdominales.
Toutes ces personnes présentaient des signes cliniques d'infection (fièvre et/ou douleur abominable) et ont guéri de leur ILA dans un délai de un à neuf jours. Tant que les patients n'étaient pas guéris (PNN < 250 mm3), la bandelette urinaire est restée positive et elle s'est constamment négativée de façon contemporaine à la guérison. Pour les 41 malades non porteurs d'infection du liquide d'ascite, 34 avaient une bandelette urinaire négative et 7 une bandelette urinaire positive. Parmi les bandelettes urinaires positives des non-infectés, 4 présentaient des « traces », 2 étaient cotées ++ et 1 était à +++. Pour deux des patients, des signes cliniques évocateurs d'ILA avaient été notés.
Antibiothérapie précoce chez les plus fragiles.
« L'utilisation de la bandelette urinaire Multistix (R) 8SG dans l'analyse du liquide d'ascite semble performante dans la détection des infections du liquide d'ascite et permet une antibiothérapie précoce chez les patients les plus fragiles, en particulier lorsqu'ils présentent en outre des signes cliniques évocateurs », analysent le Dr Benjamin Wisniewski et ses collaborateurs. La fièvre et les douleurs abdominales sont les signes cliniques les plus facilement identifiables. Pour les auteurs : « Globalement, nos résultats sont compatibles avec ceux d'autres études visant à évaluer l'intérêt des bandelettes urinaires dans la détection des ILA : sensibilité de 83 %, spécificité de 83 % et VPN (valeur prédictive négative) de 97 % ; la VPP (valeur prédictive positive) est, en revanche, moins élevée (42 %). » Ces résultats pourraient être dus au faible effectif de l'étude. Un travail incluant un plus grand nombre de patients devrait être maintenant mis en place ainsi qu'une étude comparant lecture visuelle et lecture automatique qui pourrait permettre de standardiser la méthode diagnostique.
BWisniewski B, Rautou P-E, Al Sirafi Y, Lambare-Narcy B, Droubin F, Constantin D, Fischer D, Labayle D, Denis J. « Presse Med », 2005 ; 34 : 997-1000, 27 août 2005.
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