Franchises, santé au travail

L'« impôt sur la maladie » rassemble des milliers de personnes

Publié le 16/10/2007
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LE REFUS DE NOUVELLES franchises médicales et la défense de l'indemnisation des accidents du travail ont rassemblé samedi dernier à Paris plusieurs milliers de personnes (entre 15 000 et 20 000, selon les organisateurs).

A l'appel de la FNATH (fédération des accidentés de la vie), de l'ANDEVA (victimes de l'amiante), du Collectif antifranchises (1) et avec le soutien de la CGT et du CISS (collectif interassociatif des usagers du système de soins), les manifestants ont dénoncé le plan du gouvernement (inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale – PLFSS) d'instaurer des franchises apparentées selon eux à «un impôt sur la maladie». En lançant son mot d'ordre, le CISS a insisté sur la nécessité de ne pas mettre la charrue devant les boeufs : «La question du financement de l'assurance-maladie doit faire l'objet d'un vaste débat public annoncé par le président de la République pour le premier semestre 2008 (...) Il n'est donc pas acceptable que des franchises, remettant en cause le principe essentiel de solidarité entre malades et bien portants, soient créées avant que ce débat n'ait lieu.» Au passage, le CISS glisse également qu'il lui paraîtrait «vain» que le débat du financement de l'assurance-maladie «ne soit pas mené de façon concomitante à une réflexion collective sur la nécessaire réforme de l'organisation de notre système de santé».

Au même moment, intervenant devant les pharmaciens réunis en congrès à Saint-Malo, la ministre de la Santé défendait ses franchises, évoquant «un effort modéré» pour «répondre aux nouveaux besoins de santé». Roselyne Bachelot a répété que «les franchises ont été établies pour faire face à de nouveaux besoins de santé: cancer, Alzheimer, soins palliatifs, personne ne conteste l'utilité de cela» et souligné une nouvelle fois que, assortie de «filets de sécurité», la mesure ne frapperait pas les ménages les plus modestes.

A Paris, si la démonstration de force des antifranchises était plus impressionnante que lors de la première journée organisée sur ce thème le 29 septembre – les manifestations avaient alors été éparpillées dans toute la France –, ce sont surtout les messages plus « chocs » relatifs à l'indemnisation des accidents du travail qui ont été mis en relief dans le cortège. Au régime forfaitaire en vigueur aujourd'hui, les manifestants ont crié haut et fort qu'ils préféraient une indemnisation intégrale, à l'image de ce qui existe pour les accidents de la route. Avec des images et des slogans forts – des veuves de victimes de l'amiante défilaient en portant des photos de leurs époux décédés prématurément ; «La France qui se lève tôt a mal au travail!», accusait le cortège –, les manifestants ont interpellé Nicolas Sarkozy : «Les victimes ont leur mot à dire», lui ont-ils fait savoir.

(1) Ce collectif rassemble des partis de gauche (PCF, PS, LCR…), des organisations professionnelles comme l'AMUF (Association des médecins urgentistes de France), des syndicats (FSU, Sud) et des associations (Act Up, AIDES, ATTAC, Familles laïques).

> K. P.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8238