De notre correspondante
L'HOPITAL PRIVÉ Jean-Mermoz, pompeusement qualifié d'« hôpital de demain », n'aura jamais si bien mérité cette appellation.
Sa livraison, d'abord prévue en 2001, avait été reportée à la fin de 2003, date à laquelle les activités des trois cliniques du groupe, Saint-Jean, Sainte-Anne-Lumière et Jeanne-d'Arc, devaient être réunies dans un seul bâtiment. Il serait désormais question de juin 2007.
Depuis le départ, ce chantier n'a donc cessé de prendre du retard, pour subir un coup d'arrêt définitif en septembre 2002, après le redressement judiciaire de l'entreprise de travaux publics Stgd, maître d'œuvre de ce chantier (« le Quotidien » du 3 septembre 2003).
C'est à la même époque que la Générale de santé, premier réseau d'hospitalisation privé en France et à l'origine du projet, dit avoir découvert des malfaçons portant sur la solidité et la stabilité de l'ouvrage. Plusieurs procédures judiciaires ont donc été engagées par la SCI de l'Europe, filiale du groupe, et maître d'ouvrage du programme immobilier, notamment contre son assureur qui lui refuserait aujourd'hui sa garantie. C'est dans le cadre de l'une de ces procédures que les experts nommés par le tribunal de grande instance de Lyon ont fait connaître leurs conclusions, révélées par le journal régional « le Progrès ».
« La démolition devrait commencer avant la fin de 2004 », commente la Générale de santé, « dès que la conclusion des experts sera confirmée par une décision judiciaire qui devrait intervenir avant l'automne ».
Responsabilités contestées.
En matière de responsabilité, les experts en attribuent 30 % à la Générale de santé, 30 % à l'entreprise Stgd, 30 % à l'architecte Françoise Jourda, et les 10 % restants aux bureaux d'étude de l'entreprise de gros œuvre et au bureau de contrôle. Dans leur rapport, ils notent que, « dès la fin de décembre 2001, tout homme d'art » était susceptible de constater des défectuosités sur le chantier, et reprochent à l'architecte d'avoir « poursuivi le chantier, en acceptant que de graves malfaçons soient cachées par le second œuvre ». Ils reprochent également au groupe Générale de santé d'avoir « privilégié les considérations financières au détriment de la qualité des ouvrages ».
Les magistrats ne sont toutefois pas tenus par la distribution des responsabilités proposées par les experts. D'ailleurs, « la SCI de l'Europe entend contester sa responsabilité, telle que suggérée par les experts », prévient le groupe Générale de santé.
Selon le rapport, le coût de la démolition et de la reconstruction à l'identique est estimé à 17,20 millions d'euros.
Une assignation à venir ?
A la clôture des comptes, à la fin de 2003, le groupe indiquait qu'il avait engagé 32 millions d'euros dans les travaux et constitué une provision de 7 millions d'euros, dans l'attente de l'expertise complémentaire portant sur les préjudices.
Mais l'addition n'a pas fini de s'alourdir. En effet, la Générale de santé devra procéder aux « remises à niveau » nécessaires à la poursuite de l'activité dans ses trois cliniques et se résoudre à prendre en considération le préjudice financier subi par les radiologues qui se trouvent dans l'impossibilité d'exploiter le matériel acquis, notamment un appareil IRM. Partant de l'hypothèse d'une ouverture de l'hôpital en 2007, ils estiment leur préjudice à plus de 2,9 millions d'euros. Et comme les négociations menées avec la direction régionale du groupe tardent à aboutir, ils entendent désormais saisir la justice. L'affaire est loin d'être terminée.
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