L'« enrichissante » expérience des filières de Groupama

Publié le 27/11/2002

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Groupama, qui figure au premier rang de l'assurance individuelle en santé, fut le seul assureur privé à avoir obtenu le feu vert des pouvoirs publics pour mettre en place une filière de soins de type « Soubie » (1) qui dérogeait aux règles de l'assurance-maladie. « Groupama Partenaires Santé » prévoyait en effet une large utilisation du tiers payant et une rémunération forfaitaire de 5 175 francs, soit 789 euros, pour chacun des médecins généralistes participants durant les trois années de l'expérimentation.

La filière « Groupama Partenaires Santé » a démarré en février 2000 dans 32 cantons ruraux de trois départements - l'Allier, les Côtes-d'Armor et les Pyrénées-Atlantiques. Elle a impliqué au total 108 médecins généralistes volontaires (soit 38 % des omnipraticiens installés dans les cantons concernés) ainsi que leurs 3 650 patients, affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA) et couverts par l'assureur Groupama pour leur complémentaire santé.
La filière visait au départ à « améliorer la qualité des soins en zone rurale et faire des économies quand c'était possible », rappelle le Dr Richard Guédon, responsable du projet et directeur médical chez Groupama. Les 108 généralistes volontaires ont accepté de travailler au sein de cercles de qualité, baptisés « groupes de progrès », afin d'échanger leurs expériences et de proposer des solutions pour améliorer leurs pratiques. Les 11 groupes (réunis huit fois par an) ont choisi d'orienter leurs travaux sur des thèmes variés : hypertension artérielle, lombalgies, pathologies cardio-vasculaires, céphalalgies, antibiothérapies, gestes qui sauvent en cas de malaise, prévention de la dépendance, dépistages, prescription en DCI...
Pour le Dr Maritxu Goity, généraliste à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées Atlantiques), les cercles de qualité « permettent de se retrouver entre confrères et de parler médecine ». Même si le Dr Goity constate « un peu d'épuisement après avoir changé trois fois de sujets », elle pense que son groupe « continuerait » volontiers ses travaux si c'était possible. Le Dr Frédérick Evellin, généraliste breton d'Erquy (Côtes d'Armor), « regrette » aussi la fin de l'expérimentation car il l'a trouvée « enrichissante à tous niveaux », surtout grâce à « la mise en commun des pratiques » et au « partage critique » effectués au sein des groupes de progrès.
Du côté des 3 650 patients concernés, Groupama se targue d'un taux de satisfaction de 95 %, après évaluation de l'expérimentation par des cabinets indépendants.
L'assureur, qui a financé entièrement la filière à hauteur d'environ 1 million d'euros, a non seulement réduit ses dépenses de soins de ville mais a aussi fait faire des économies à la MSA. « Dans les Côtes-d'Armor, la consommation de soins ambulatoires a baissé de 25 % en dix-huit mois », souligne le Dr Guédon. « Dans les Pyrénées-Atlantiques, de 1999 à 2000, les dépenses des assurés de la filière ont diminué de 2,8 % alors que les dépenses de santé de la population du département augmentaient de 14 % dans le même temps », ajoute-t-il. L'évaluation économique de la filière n'a pu être effectuée dans l'Allier en raison de la perte d'une partie des données informatiques.
Fort de ces résultats probants, Groupama envisage d'étendre certains outils des groupes de progrès à l'ensemble de ses assurés. « On peut imaginer de rebondir par exemple sur le carnet de dépistage élaboré pour les patients par les généralistes de Lapalisse, dans l'Allier », indique le directeur médical de Groupama.
Plus largement, l'assureur « propose de mettre à disposition (son) expertise », précise le Dr Guédon, au moment où commence une réflexion sur un nouveau partage des rôles entre régimes obligatoires d'assurance-maladie et complémentaires santé (« le Quotidien » du 25 novembre). Selon lui, l'expérience commune de Groupama et de la MSA montre qu' « à périmètre constant, les régimes obligatoires et complémentaires produisent des résultats quand ils travaillent ensemble ».