L E kératocône est une maladie non inflammatoire au cours de laquelle la cornée se déforme progressivement pour devenir conique. Cette maladie, qui atteint le sujet jeune, entraîne une diminution de l'acuité visuelle par astigmatisme. Il semble exister une prédisposition génétique à cet amincissement du stroma qui fait bomber la cornée. Les premiers signes se manifestent en général vers l'âge de 15 ans, avec une évolution importante jusque vers 30-35 ans, qui tend à se ralentir par la suite tout en se poursuivant. Le handicap des patients peut être important dans cette maladie à manifestation le plus souvent bilatérale. Le kératocône se traite par la correction optique tant que la déformation reste peu importante. Ensuite, l'acuité visuelle diminuant, le port de lentilles est indiqué. Les lentilles passent en pont au-dessus de la lésion cornéenne, aplatissent un peu la cornée et compensent jusqu'à un certain point la déformation. La tolérance des lentilles est bonne au début. Par la suite, avec le temps, le travail sur écran et la pollution, la tolérance devient plus difficile. Jusqu'à présent, la greffe de cornée constituait la seule façon d'aider les patients parvenus à ce stade.
Anneaux de Plexiglas
En trois ans, plus d'une centaine de patients souffrant de kératocône ont été traités par la pose d'anneaux de Plexiglas dans le service du Pr Colin à Bordeaux. « Les résultats sont séduisants, permettant de conserver l'acuité visuelle en évitant la greffe », rapporte le praticien.
Jusque-là, à un stade évolué de la maladie, la seule ressource était la greffe de cornée, avec les difficultés que l'on sait pour trouver le matériel biologique. De plus, l'évolution de la maladie tend à reprendre au bout de quinze à vingt ans sur la cornée greffée ; de plus, les cornées sont rarement prélevées chez des sujets jeunes.
« J'ai développé cette technique depuis 1997-1998 dans l'idée de compenser la déformation cornéenne », explique le Pr Colin, qui a utilisé les anneaux en PMMA (polyméthylmétacrylate) qui ont été posés pendant un temps pour tenter de corriger la myopie (anneaux de la marque Intacs). La technique a été depuis abandonnée dans cette indication. Mais le matériau rigide forme un support bien toléré, correspondant bien à ce qui est recherché pour traiter le kératocône.
Amélioration considérable de l'acuité visuelle
L'intervention est réalisée sous anesthésie par collyre. « On observe une stabilisation de la maladie », explique le Pr Colin. « Une amélioration considérable de l'acuité visuelle est obtenue chez la plupart des patients. Le port de lunettes reste nécessaire en règle générale, mais dans les cas les plus heureux, le sujet peut voir normalement sans en porter. »
Un travail a été publié dans un journal international (Colin J. et coll. « J. Cataract Refract Surg. », 2000 ; 26 : 1117-1122). Cette publication a été récemment commentée dans la même revue par un spécialiste américain (James E. Jay Mc Donald, Fayetteville, Arkansas), qui qualifie la nouvelle prise en charge de « l'un des outils les plus importants de mémoire récente dont on dispose pour aider les patients porteurs de kératocônes ». L'Américain rapporte un soulagement des distorsions de la vision et aussi de la photophobie constante dont souffrent certaines personnes. Les avantages de la technique, qui est indolore, non invasive et récupérant facilement, sont soulignés.
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