On a récemment observé, chez des patients infectés par le VIH et sous traitement HAART (traitement antirétroviral hautement actif) comportant au moins un antiprotéase, une réduction de l'incidence ou une régression du sarcome de Kaposi.
Etant donné que les protéases sont essentielles dans l'angiogenèse, la réponse inflammatoire et la croissance tumorale, une équipe italienne (Cecilia Sgadari et coll., Rome) s'est dit que, peut être, l'effet sur le Kaposi observé chez des patients traités par antiprotéase pourrait être lié, au moins en partie, à un effet direct anti-Kaposi et/ou antiangiogénique des antiprotéases.
Pour tester cette hypothèse, ils ont utilisé des modèles ( in vitro et in vivo) d'angiogenèse, de lésions de Kaposi et de croissance tumorale, dénués d'agent viral (en particulier, absence du virus VHH8, impliqué dans le Kaposi associé au VIH) ou de cellules T ; il s'agit de modèles d'études précliniques permettant d'évaluer l'efficacité d'agents antiangiogéniques et anti-Kaposi.
Régression des lésions prolifératives
Ce nouveau travail italien montre que les inhibiteurs de protéases ont un effet antiangiogénique, anti-Kaposi et antitumoral.
Schématiquement, les auteurs montrent que l'administration systémique à des souris nudes de deux antiprotéases, l'indinavir et le saquinavir, bloque le développement et induit la régression de lésions angioprolifératives Kaposi-like provoquées par des cellules de Kaposi humaines, par le facteur de croissance fibroblastique bFGF ou par la combinaison de bFGF et de VEGF (facteur de croissance épithélial). Ces inhibiteurs de protéase bloquent également l'angiogenèse induite par le VEGF dans la membrane chorio-allantoïdienne, avec une puissance similaire à celle du paclitaxel. Enfin, in vivo, ces inhibiteurs inhibent aussi la croissance et le caractère invasif de lignées cellulaires tumorales angiogéniques. « Ces données indiquent que les inhibiteurs de protéase sont de puissantes molécules antiangiogéniques et antitumorales qui devraient être utilisées pour traiter le Kaposi non lié au VIH et les autres tumeurs associées au VIH », concluent les auteurs.
« Nature Medicine », mars 2002, pp. 225-232.
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