Le désir de Muammar Kadhafi de renouer avec l'Occident est d'une intensité égale aux insultes dont il l'abreuvait autrefois ; il n'y a pratiquement rien qu'il n'ait consenti pour que les sanctions internationales contre son pays soient levées.
Cette diplomatie, complètement à contre-courant de celle qu'il pratiquait jadis, a conduit au procès international qui a permis de juger et de condamner les agents secrets responsables de l'explosion de l'avion de la Pan Am à Lockerbie, en Ecosse, en 1989. Le dictateur libyen, tout en progressant dans le sens d'une reconnaissance des crimes commis par son pays, continue, aujourd'hui encore, à feindre que l'Etat libyen, donc lui-même, ne sont nullement concernés par ce qu'ont pu faire des citoyens libyens égarés.
La suite civile du procès pénal de Lockerbie a permis aux familles des victimes d'obtenir des indemnités considérables, de l'ordre de 10 millions de dollars par personne. Les familles des victimes du DC10 d'UTA, un autre appareil abattu par le terrorisme libyen, ont donc exigé un accord d'indemnisation comparable qui a été conclu très vite.
En échange de ses largesses, le colonel Kadhafi peut espérer une levée rapide des sanctions internationales, et le droit de vendre son pétrole à tout le monde, notamment aux Etats-Unis, qui souhaitaient une normalisation des relations avec la Libye aussitôt après l'accord d'indemnisation de Lockerbie (et s'impatientaient des exigences, pourtant bien compréhensibles, des familles des victimes du DC10). Heureusement, si l'on peut dire, le colonel n'a pas barguigné. Si la totalité des indemnisations s'élève à près de cinq milliards de dollars, il espère en gagner beaucoup plus grâce à ses exportations de pétrole.
Ce qui démontre que, dans le cas de la Libye, l'embargo, tellement décrié ailleurs par des âmes compatissantes, finit par fonctionner si l'on est patient. On est bien sûr satisfait de ce qu'on ait fait rendre gorge au dictateur libyen ; mais tout l'argent du monde ne rendra pas la vie aux victimes, un criminel reste au pouvoir à Tripoli, et le cynisme continue à régir les relations internationales. Certes, personne n'est dupe ; chacun sait ce que vaut Kadhafi. Mais on voudrait aussi que le terrorisme soit universellement considéré comme il se doit, c'est-à-dire, ici ou ailleurs, comme l'instrument le plus barbare, le plus inhumain, le plus durablement scandaleux de la politique. C'est à dessein que nous le rappelons, car beaucoup de gens commencent à s'y habituer, à le comprendre et presque à le pardonner.
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