La Belgique n'a pas rendu service à son ministère des Affaires étrangères le jour où elle a adopté une loi conférant à sa justice une compétence universelle pour tous les crimes de guerre et contre l'humanité.
Israël n'était pas loin de rompre ses relations avec Bruxelles quand un tribunal belge s'est déclaré compétent pour juger Ariel Sharon, Premier ministre israélien. Les juges s'en sont sortis en décidant que, s'ils étaient compétents, le citoyen d'un pays ne pouvait être jugé que chez lui. Voilà maintenant que, à la suite d'une plainte déposée par des Irakiens et des Jordaniens, le général américain qui commandait les troupes d'invasion américaines en Irak, Tommy Franks, et le secrétaire d'Etat, Colin Powell, risquent d'être arrêtés s'ils posent le pied en Belgique. M. Powell lève les bras au ciel : Bruxelles abrite le siège de l'OTAN et comment l'OTAN peut-elle fonctionner si les Américains ne peuvent pas s'y rendre sans courir le risque d'être menottés et incarcérés ?
On pourrait lui rétorquer qu'il suffit, pour la Belgique, de quitter l'OTAN. Le rôle qu'elle y joue n'étant pas déterminant de toute façon, elle a plus à gagner en se rendant médiatiquement intéressante par des procès absurdes. On s'étonnera cependant que les plaignants fassent la loi : on peut toujours penser qu'un général est coupable, et même un ministre, mais enfin, il y en a de plus coupables que d'autres ; n'aurait-il pas fallu commencer par Saddam Hussein ou Oussama Ben Laden ? Curieusement, aucune plainte n'a été déposée contre eux auprès de la justice belge. Ce qui conduit à penser que les vraies victimes ne comptent pas vraiment sur la Belgique pour obtenir réparation et que celles qui demandent réparation ne sont pas de vraies victimes ou attendent du procès moins un jugement qu'un retentissement.
De sorte que la justice belge, en s'arrogeant une fonction planétaire, semble avoir été inspirée par la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf et dont le ridicule a été décrit par La Fontaine avec plus de talent que nous n'en aurons jamais. Le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, a admis que la plainte contre MM. Franks et Powell était « abusive ». Autrement dit, il ne condamne pas vraiment la loi curieuse dont la Belgique s'est dotée, mais seulement l'usage qu'on en fait. Il devrait suggérer au Parlement de son pays de se réunir et d'abolir la loi, s'il ne veut pas que les sarcasmes auxquels les Belges sont iniquement soumis ne trouvent pas finalement une ample justification.
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