Quand le président du conseil d'administration des Hospices de Beaune a demandé à Julien Clerc quelle cause il souhaitait associer à la montée des enchères pour la vente qu'il va présider dimanche, l'auteur de « Si l'on chantait, si l'on chantait » n'a pas hésité.
« J'avais rencontré les responsables d'Enfance et Partage il y a un an, à l'occasion d'une émission de radio organisée pour la sortie de mon dernier album, raconte-t-il au "Quotidien". Je connaissais déjà, par l'intermédiaire de Carole Bouquet, l'action qu'ils mènent depuis un quart de siècle en faveur de la protection et des droits des enfants, contre la maltraitance et la violence, physique, psychologique ou sexuelle. Tous les jours, leur numéro d'appel d'urgence reçoit 150 appels qui débouchent sur de nombreux signalements à la police et à la justice. Et comme je leur avais promis une action en leur faveur, la vente des Hospices de Beaune m'a semblé constituer l'occasion idéale pour tenir parole : c'est une vente aux enchères de charité, à partir d'un produit noble, le vin, et qui jouit d'une réputation exceptionnelle. »
Le président Julien Clerc sera donc dès demain à Clos-Vougeot pour le dîner de gala servi avec d'autres crus que ceux que, par ses goûts et son mariage, cet amateur impénitent de bordeaux affectionne surtout. Comme il l'annonce en souriant, « J'y vais bravement »...
Dimanche, il lui reviendra de donner de la voix pour faire monter les enchères au profit de la pièce exceptionnelle qui sera attribuée à la fois à Enfance et Partage et à l'Association pour la recherche sur la SLA. Cette dernière a besoin de réunir des fonds (au moins 10 millions de francs) pour mener à bien son projet de mise en place des centres experts SLA, seules structures susceptibles de garantir un bon suivi des malades. Michèle Fusselier, la présidente de l'ARS, se réjouit de la vente de dimanche, « une opportunité plus qu'appréciable », dit-elle (« le Quotidien » du 11 octobre).
Bien connu du grand public pour son goût du terroir et de la nature, Julien Clerc baignera dans son élément en siégeant sur l'estrade qui sera dressée dans les Halles de Beaune, au milieu des membres du conseil d'administration des Hospices revêtus de leurs traditionnels habits de cérémonie.
L'artiste n'est pas coutumier de ce type de prestation au service d'une cause humanitaire. « Quand on passe sa vie à se se servir de son métier pour faire de bonnes actions, on finit par banaliser son propos, note-t-il . Autant choisir ses apparitions, elles s'en remarquent d'autant mieux. » Et elles sont d'autant plus efficaces que l'image du chanteur est perçue comme sincère et généreuse.
« Docteur Julien Clerc »
L'interprète de « la Cavalerie » aurait bien pu être le Dr Clerc, nous confie-t-il au passage, attiré qu'il était par ce métier, noble s'il en est, de soigner. « Je crois que tout le monde, à un moment donné de sa jeunesse, a dû se sentir attiré par la médecine, observe-t-il. Mais ces études paraissaient fort longues au jeune homme assez paresseux que j'étais. Et puis j'étais un littéraire, avec un niveau en math insuffisant ; par-dessus le marché, la vue du sang, le contact des personnes malades me gênaient beaucoup, même pour des proches. Aujourd'hui encore, je dois accomplir un réel effort et me faire violence pour supporter la confrontation avec le malheur en général, et en particulier le malheur physique. J'aurais donc été un médecin certainement plein de compassion mais très handicapé par sa sensibilité excessive. »
A défaut de pratique médicale, le métier de chanteur ne s'apparente pas moins à une médecine du cur et de l'âme : « Les chansons aident les gens à vivre et à guérir. Ma profession n'est pas bien importante mais il faut l'exercer sérieusement, parce que je suis conscient qu'elle apporte aux gens une aide vitale. Combien de fois on m'écrit en effet pour me dire : "Je traverse actuellement une période difficile et en écoutant vos chansons, j'ai trouvé la force de faire face...".
Ce genre de témoignage dit toute la valeur de notre métier. » Une valeur que l'éternel romantique au vibrato charmeur va s'employer dimanche à mettre au service de l'enfance maltraitée et des victimes de la maladie de Charcot. « Utile », comme dit la chanson.
Les Hospices civils de Beaune : 4 établissements de soins et d'hébergement
Créés au milieu du XVe siècle, les Hospices civils de Beaune sont constitués de quatre établissements de soins et d'hébergement répartis sur différents sites :
- Le centre hospitalier Philippe-le-Bon, inauguré en avril 1971, possède 200 lits et comporte l'ensemble des services actifs et médico-techniques ainsi que les services administratifs et logistiques. Son service des urgences fonctionne 24 heures sur 24 et dispose d'un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR). Il accueille environ 24 000 personnes
- Le centre Nicolas-Rolin est dédié aux personnes âgées dépendantes, auxquelles il offre 90 lits de long séjour et 30 lits de convalescence.
- La maison de retraite de l'hôtel-Dieu et la maison de retraite de la Charité accueillent des résidents dans 1 741 lits, au cur de l'enceinte prestigieuse de l'hôtel-Dieu.
Le budget de l'hôpital est défini suivant les modalités applicables dans tous les établissements publics de santé, la Sécurité sociale finançant la plus large part (supérieure à 80 %). Les revenus du domaine viticole, comme ceux du monument historique de l'hôtel-Dieu, aident l'hôpital à financer ses programmes de travaux et d'équipement. Premiers bénéficiaires des revenus du patrimoine de l'institution, ils disposent d'un budget de fonctionnement de 245 millions de francs.
Dimanche, 576 pièces de vin rouge et 120 pièces de vin blanc vont être mises en vente au cours de la vente traditionnelle, auxquelles s'ajouteront 15 pièces d'eau-de-vie de marc de la récolte 2000, ainsi qu'une pièce et une feuillette (114 litres) de fine de Bourgogne. La pièce exceptionnelle de charité, vendue hors catalogue au profit de l'ARS et d'Enfance et Partage, sera cette année un vin rouge de la cuvée beau-nicolas-rolin. En 2000, la pièce de charité avait été adjugée 40 000 euros (262 382 F). 727 pièces avaient été mises en vente et avaient rapporté 5,27 millions d'euros (34,57 millions de francs), en augmentation de 11,6 % par rapport à l'année précédente.
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