Le 23 septembre dernier, à la fin d’un été catastrophique pour elle, la ministre de la Santé a tenté de reprendre la main. En annonçant la mise en œuvre de la stratégie nationale de santé, elle a levé un voile sur ses intentions réformatrices. Protégée par la réforme des retraites, poussée par le Premier ministre d’agir, Marisol Touraine met fin à une consternante absence d’initiatives politiques en matière de santé depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir. En pleine discussion du PLFSS, à la manœuvre sur les retraites, l’initiative de lancer une grande loi d’orientation en 2014, une fois ces deux étapes franchies, ne manque ni de panache, ni d’habilité. Les mots portent, le style est tranchant et déterminé, même s’il est toujours aussi peu conciliant. Elle annonce devant ses troupes une révolution de la médecine générale, le tiers payant pour tous et des mesures de santé publique. Les marqueurs sociaux de gauche sont là. Le volontarisme n’est pas absent non plus, même si ses nombreux contempteurs se déchaînent en coulisse, tant la gauche a toujours hésité à bouleverser la médecine. Mais si la crise économique prive les gouvernants de moyens, elle rend la transformation de notre vieux système plus nécessaire que jamais. Didier Tabuteau*, très inspiré dans son dernier essai, n’appelle-t-il pas à un « nouveau contrat sanitaire » donnant à un État rationalisé, déconcentré et sûr de lui la capacité de rendre notre société fragile plus apaisée et confiante en elle. Il dénonce la carence d’autorité dans la gestion du système de santé. Et regrette l’absence de figures historiques parmi les anciens ministres de la Santé : « Pas de Jules Ferry pour la santé ! »
Pourtant, si le gouvernement de François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Marisol Touraine arrivait à nous faire avaler retraite et nouvelle organisation de la santé, il pourrait se hisser haut dans le panthéon des réformateurs de la santé qui en compte bien peu. La reconnaissance de la Nation ne leur serait pas comptée. Encore un effort madame la ministre !
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