ON MONTE jusqu’à la petite salle de Bobigny. On arrive dans un espace où seul un tout petit ring demeure au milieu, cerné de quatre côtés par les gradins surmontés chacun de son écran de traduction en surtitrages. On est tout près des interprètes.
Ils sont trois. Notons leurs noms, ils sont fabuleux : Jozsef Gyabronka, Zsolt Nagy, Roland Raba. Tout de noir vêtus. Pantalons, pulls. L’un est barbu. L’un un peu plus jeune. Ils jouent à tous trois tous les rôles et interprètent vraiment « Hamlet ». Mais Arpad Schilling, qui signe la mise en scène de ce spectacle exceptionnel, radical et passionnant, a ajouté des textes de William Blake, Georg Büchner, Anton Tchekhov, Eminen, Allen Ginsberg, Johann Wolfgang Goethe, Attila Jozsef, Janos Pilinszky… mais rien de pesant et c’est Shakespeare que l’on entend et d’une manière lumineuse.
Bien sûr, on est sans doute d’autant plus à l’aise que l’on connaît bien l’immense pièce du grand Shakespeare, mais il y a une part ludique dans cette proposition qui séduit profondément le public. Un public d’ailleurs sollicité. On lui demande de lire des extraits, des répliques. Les spectateurs se prêtent de très bonne grâce à ce jeu car il n’est en rien « interactif ». Il fait partie de la manière dont les interprètes, dirigés par un Arpad Schilling d’une éblouissante intelligence, s’adressent à nous.
Un peu de musique (Ernö Zoltan Rubik), la complicité d’une dramaturge lumineuse, Anna Veress et le talent immense des trois interprètes et voilà l’une des soirées les plus fortes, les plus originales à laquelle on puisse assister ces temps-ci. Et tout cela avec, matériellement, presque rien. Mais la puissance du théâtre et le talent des artistes du Kretakör Szinhaz de Budapest.
MC93 de Bobigny, ce soir et demain à 20h30. En langue hongroise avec surtitrages très accessibles. Durée : 2 heures à peu près. Dans le cadre du festival « le standard idéal » (01.41.60.72.72 ou www.mc93.com
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