Dans la médecine actuelle, « l'imagerie est devenue un passage obligé pour éliminer ou reconnaître une affection, un outil indispensable au pilotage de tout traitement », précise le Pr Guy Frija, secrétaire général de la SFR (Société française de radiologie).
Dans ce contexte, cette réunion, qui est aussi le deuxième congrès mondial francophone de radiologie, a abordé les grandes questions d'actualité en matière de techniques radiologiques, avec le souci d'améliorer les processus de contrôle de qualité et de réfléchir à l'étude des effets de l'irradiation.
Parmi les thématiques marquantes des JFR 2001, une large place a été faite à la radiologie et à son intégration dans le dossier du patient. Grâce au parrainage des associations professionnelles de radiologie et d'informatique hospitalière, une première démonstration en Europe d'« Integrating the Healthcare Enterprise » (IHE) était présentée. Cette approche novatrice est fondée sur une coopération étroite entre utilisateurs et industriels pour « identifier et résoudre les problèmes de connectivité des matériels en s'appuyant sur des standards internationaux reconnus ». Un hôpital multisite avec trois services de radiologie était présenté, montrant comment plus de 15 produits de constructeurs différents, engagés dans une telle démarche, fonctionnent de manière intégrée.
Le retard de la France
Autre point fort du congrès : la part consacrée au « retard alarmant des équipements lourds », IRM, scanner et PET en France, du fait des quotas imposés par le ministère de la Santé. Le rôle du scanner et de l'IRM est devenu prédominant dans certains domaines, telles la cancérologie, les affections neurologiques et les maladies cardio-vasculaires, et la France, par rapport à de nombreux pays comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Japon... est très en retard. La densité des appareils est trois à six fois plus importante dans les pays cités. La camera PET, très utile en cancérologie pour la détection des extensions métastatiques, n'existe que dans quatre centres en France. Conséquence : « Des pratiques médicales non conformes à l'état de la science dans le domaine de la cancérologie, de la neurologie et des maladies ostéoarticulaires. » Pour exemple, on constate que les maladies neurologiques qui, selon les experts, doivent être explorées par IRM, sont encore étudiées par scanner. Ainsi, un rapport réalisé par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris montre qu'actuellement près de 35 % des scanners sont encore consacrés à l'étude du cerveau... L'insuffisance des équipements lourds est également vivement ressentie quand on constate que le délai moyen d'obtention d'une IRM en ville, demandée par un neurologue ou un cancérologue, dépasse les 50 jours. A l'AP-HP, il est de 12 jours pour les hospitalisés et de 35 jours pour les consultants.
Des logiciels de détection
La radiologie en cancérologie a fait l'objet de nombreuses séances. L'image dans ce domaine est indispensable, tant pour le dépistage que pour suivre l'extension de la maladie et observer l'impact des traitements mis en uvre. Dans le cancer du sein, la formation du radiologue au dépistage est essentielle et l'utilisation de la mammographie numérique ouvre de nouveaux horizons avec, comme intérêt majeur, une relecture des informations et la possibilité d'utiliser des logiciels de détection où « la machine lit à la place de l'il humain ». Dotée d'une grande sensibilité, elle réalise un premier tri.
Toujours dans le domaine du dépistage, on note le programme français « pilote en Europe » qui va être lancé sur le dépistage ou non des cancers bronchiques par scanner thoracique. En effet, cet examen par scanner à faible dose permet de détecter le cancer à un stade très précoce. Reste à savoir si ce dépistage aura un impact sur une baisse de la mortalité.
Une large place a été réservée « au futur » lors de ce congrès. Un des grands enjeux de la radiologie sera d'améliorer la spécificité de l'imagerie, pour reconnaître les désordres pathologiques, non pas à l'échelle d'un organe ou d'un tissu, mais à l'échelle cellulaire ou subcellulaire. Plusieurs séances ont été consacrées à la spectrométrie par résonance magnétique qui est entrée progressivement dans la pratique clinique.
Ce congrès montre que l'évolution des techniques d'imagerie peut modifier les stratégies diagnostiques, thérapeutiques. Par exemple, l'utilisation du scanner dans une suspicion d'appendicite permet d'éviter de 30 à 50 % d'interventions inutiles. Autre exemple, le traitement des fibromes utérins par embolisation incomplète des artères utérines avec des microsphères calibrées.
Enfin, le volet « vie professionnelle » n'était pas oublié avec, notamment, le problème du nombre insuffisant des manipulateurs radios.
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