On a trop dit que la Croix-Rouge est une vieille dame pour ne pas saluer l'événement comme il convient : pour sa campagne 2003, la plus vénérable des organisations humanitaires s'est dotée d'une ambassadrice dont la jeunesse le dispute au charme et à la célébrité, Adriana Karambeu.
Le mannequin international n'en est pas à son premier rôle humanitaire. En 2000, elle a soutenu, nourri et promu une campagne de sensibilisation aux gestes qui sauvent, rappelant que 10 000 vies supplémentaires seraient épargnées chaque année si 20 % des Français les maîtrisaient (contre seulement 6 % aujourd'hui) ; le top-modèle ne s'était pas contentée de prendre la pose ; elle est devenue, à cette occasion, formatrice Croix-Rouge, pour mieux faire passer le message.
Cette fois, la voici donc à la rescousse des journées nationales et de leur traditionnelle quête. Revêtue de la tenue beige bordée de rouge, elle devrait être parmi les 30 000 bénévoles qui vont descendre dans les rues et sur le bord des routes pour solliciter la générosité des Français. Une première pour l'association qui, jusqu'à présent, s'en tenait à des communications plutôt classiques et impersonnelles.
Dès lundi, on la verra dans une série de spots TV tendre aux automobilistes la traditionnelle boîte de fer blanc siglée d'une croix rouge sur fond blanc. Et, en voix off, la doublure de George Clooney (Patrick Noérie) précise : « Mais si Adriana n'est pas là, c'est Robert qui s'en chargera. Ou Bernard, Gisèle, Charle,... Etre solidaire, c'est un don. »
Objectif : 40 millions
L'an dernier, 26 6673 quêteurs ont collecté en deux jours 33 millions d'euros. Cette année, l'objectif est d'atteindre le cap des 40 millions.
Il est vrai qu'en dix ans l'organisation gouvernementale s'est investie dans 43 opérations de grande envergure. Dernière en date, les inondations du sud-est de la France (ouverture de 13 centres d'hébergement d'urgence, distribution des produits de première nécessité, aides financières et soutien psychologique aux populations sinistrées). L'an dernier encore, la Croix-Rouge s'est mobilisée autour de drames aussi divers que la fusillade de Nanterre, l'incendie du tunnel en construction sur l'A86, l'incendie de l'immeuble de Neuilly, qui a causé la mort de cinq pompiers, le carambolage meurtrier de l'autoroute A10, d'autres inondations encore.
Cofondatrice de la Fédération nationale des SAMU sociaux, la Croix-Rouge en gère, en outre, la quasi-totalité (47 sur 52), été comme hiver (distribution de couvertures, de boissons chaudes, réconfort par ses équipes).
C'est encore l'association qui accueille, oriente et accompagne les étrangers, notamment les mineurs isolés, via 44 structures spécialisées (sortie des zones d'attente de Roissy et de Marseille, ouverture à Taverny d'un centre pour mineurs), dotées d'éducateurs spécialisés, de travailleurs sociaux, de personnel médical et paramédical.
C'est encore la Croix-Rouge qui gérait le centre d'hébergement d'urgence de sinistre mémoire de Sangatte, fermé en décembre dernier après un fonctionnement provisoire qui se sera quand même prolongé plus de trois ans.
Elle est présente dans le milieu carcéral (83 établissements pénitentiaires), dans la téléphonie sociale anonyme (ses écoutants traitent 20 000 appels par an), la lutte contre l'illettrisme (ateliers d'alphabétisation, cours de français « langue étrangère »...). Et elle multiplie les programmes à l'international : secours au Rwanda après l'éruption de Goma, opérations sanitaires au Tchad et au Niger, lutte contre le sida, avec un réseau de huit centres de traitement ambulatoire (CTA) (Congo, Burkina, Gabon, Côte d'Ivoire, Sénégal et Maroc).
Et, encore et toujours, la formation aux gestes qui sauvent, pour former en particulier les automobilistes ; 10 000 personnes sensibilisées à la sécurité routière et aux premiers secours. Merci, Adriana.
Pour monter à l'assaut des souffrances et combattre autant de misères, en France et de par le monde, le Pr Marc Gentilini, président de l'association, a donc fait le choix, avec le top-modèle, d' « une campagne qui prend le contre-pied de la morosité ambiante ». A contre-temps de ces communications qui font ruisseler l'hémoglobine à longueur de spots TV, pour démontrer, comme il dit, qu'on peut « concilier solidarité et convivialité, gravité et spontanéité, détermination et bonne humeur ».
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