ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
L IE à Camoin, Matisse, Manguin, Puy, Marquet participe à ses débuts à l'aventure de fauvisme. Comme beaucoup de ses camarades et contemporains il élargit son champ d'investigation en allant en des lieux différents, ouvrant ainsi une sorte de Journal de voyage. Matisse, Braque, Othon Friez, Dufy, aussi se retrouvaient dans des ports, fascinés par l'animation et les jeux flamboyants de la lumière. Plus attiré par le sud Marquet va sillonner les bords de la Méditerranée et Saint-Tropez sera l'une de ses premières étapes.
L'endroit est alors sauvage, fréquenté essentiellement par des peintres et des écrivains, Signac et ses amis (Colette y viendra après, ainsi que Dunoyer de Segonzac). Une concentration profitable à l'évolution de l'art qui se fait non seulement à la magie du lieu mais à celle des contacts humains.
Il est significatif que Marquet, réunisse autour de lui ses amis Cross, Valtat et Camoin à Agay, un petit port du Var. Ainsi s'amorcent les étapes fécondes, à Naples (1908-1909), le Maroc (1911-1913), Marseille (1916-1918), l'Algérie (1920-1939), la Tunisie (1923-1926),Sète (1938), Venise (1936), Toulon, Porquerolles (1938-1939), l'Algérie enfin (1940-1945). Chacune de ces étapes, chacun de ces séjours sont l'objet d'uvres ici rassemblées provenant de collections privées et peu montrées.
L'art de Marquet (bien connu pour ses admirables vues du Paris des bords de Seine) se prête bien à une contemplation des eaux dont il sait traduire les variations colorées, les vibrations et jusqu'à cet implacable silence qui, par temps de brume, le rend énigmatiques. Jamais il ne tombe dans l'anecdote ou le pittoresque mais en quelques lignes expressives, excluant les détails inutiles, il campe un lieu, son animation.
Une palette en parfait accord avec une situation climatique et temporelle qui montre combien cette Méditerranée que l'on résume à quelques clichés peut offrir de visages. Elle est, au cur de notre civilisation, de notre mémoire collective, le réservoir de mythes et de légendes, mais aussi elle accompagne des vies humaines, des coutumes. C'est à la frontière de cette poésie éternelle et de ce quotidien si bien saisi par un pinceau tranquille mais ferme, que Marquet situe son art et témoigne de sa diversité.
Musée de l'Annonciade, Saint-Tropez. Jusqu'au 1er octobre.
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