S'il y a une surprise dans l'annonce de la candidature de Lionel Jospin, c'est qu'elle est arrivée un tout petit peu plus tôt puisque, sans doute pour accroître le suspense, le Premier ministre avait laissé dire qu'il ne se déclarerait pas avant le week-end.
Il l'a fait dès mercredi, en respectant de la sorte son engagement à ne pas entrer en campagne avant la fin des travaux parlementaires (qui se sont quand même poursuivis jusqu'à aujourd'hui) mais en perdant pas une minute par rapport au calendrier qu'il s'était fixé. On peut voir dans cette précipitation discrète -et de dernière minute- une impatience soudaine ou la crainte de laisser Jacques Chirac faire cavalier seul deux ou trois jours de plus. Mais ne donnons pas à l'interprétation d'un bref mouvement tactique plus d'importance qu'elle ne mérite. C'est l'avenir immédiat qui compte : le Premier ministre va savoir assez vite si sa candidature officialisée va lui valoir ou non un regain de popularité, quel effet elle aura sur la cote des candidats du deuxième rang, et quel impact sur l'audience de son principal adversaire.
L'intérêt de la déclaration de M. Jospin, c'est qu'elle va réactiver le débat que les Français réclament. On devine que le chef du gouvernement va entrer dans ce débat avec sa sobriété coutumière, en insistant plus particulièrement sur un bilan dont il n'a pas à rougir dès lors qu'il a mis en uvre ce qu'il avait annoncé en 1997 et que, comme il se plaît si souvent à le rappeler, qu'il fait ce qu'il dit.
Le pays, en tout cas, ne saurait négliger un choix qui se situe moins entre la droite et la gauche qu'entre un programme libéral et un programme dirigiste, sinon socialiste ; et parmi les diverses priorités de notre société, il en est une qui pèsera plus que les autres : l'emploi.
Faut-il réduire un chômage qui, décidément, reste tenace dans ce pays, en favorisant les entreprises ou en demandant à l'Etat de les créer d'autorité, soit par une réduction du temps de travail, soit par une augmentation du nombre de fonctionnaires ? Bien qu'il affirme le contraire, le gouvernement n'a pas obtenu, dans ce domaine, des résultats très convaincants. C'est pourtant sur ce point essentiel que devrait se jouer l'élection présidentielle, les noms et les stratégies des candidats ayant moins d'importance que leur capacité à faire reculer le chômage.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature